« L’enjeu est celui du professionnalisme »

Aimé-Robert Bihina, président de la section UPF-Cameroun.

Pour les 48e Assises de la presse francophone, le thème choisi est « Journalisme d’émotion, journalisme d’information ? ». Quelle est l’idée derrière ce sujet ?

Ce thème est le résultat d’un brainstorming au sein du bureau international de l’Union de la presse francophone (UPF) sur la base des observations faites au Cameroun, en Afrique et dans le monde. Les contraintes auxquelles la pratique journalistique est confrontée aujourd’hui sont mondiales. Le constat, c’est cette dérive due à la poussée des réseaux sociaux, privant ainsi les journalistes du monopole de la production et de la diffusion de l’information. Tout citoyen est devenu producteur et diffuseur de l’information. On assiste à un emballement général auquel certains professionnels ont pris part du fait de la fragmentation des audiences, de la multiplication des chaînes, de la recherche effrénée des auditoires. Ces problématiques mondiales mettent le journaliste au défi de revenir aux fondamentaux, ceci dans la collecte, la vérification, le traitement et la diffusion de l’information.

Face à quels nouveaux enjeux l’évolution mondiale des médias place-t-elle la presse camerounaise ?

C’est le professionnalisme, la définition de l’identité, l’ancrage sur les fondamentaux. Nous ne devons plus absolument chercher à avoir la primeur sur l’information. Le citoyen ordinaire ne met pas de filtre sur l’information qu’il diffuse. Or, le professionnel met le filtre de la vérification, du recoupement et de sa responsabilité sociale, parce qu’il ne peut pas tout diffuser ou tout montrer sous prétexte de gagner de l’audience. On vit sous la dictature des réseaux sociaux, de la course à l’audience. Mais le journaliste professionnel ne peut pas aller à cette bataille comme un agneau. Il faut un sursaut pour se dire qu’on ne peut pas se livrer ainsi dans cette généralisation de la production et de la diffusion de l’information. Il faut qu’il y ait encore des repères dans ce brouhaha informationnel. En revenant aux fondamentaux, on peut encore exister et permettre au citoyenconsommateur de l’information de savoir où se trouve la référence.

La presse traditionnelle peut-elle survivre à ce boom de l’information issue du numérique ?

Si rien n’est fait, on va vers une mort programmée. Nombre de journaux mettent la clé sous le paillasson. Il faut donc que la presse s’adapte au nouvel environnement numérique. Il faut donc investir ce champ en diversifiant les off...

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