Prise en charge : immersion dans les centres de traitement

Plusieurs sites ont été ouverts à Yaoundé et accueillent des dizaines de malades. Ambiance.

La date du 10 mai 2020 restera mémorable pour Franck E., 45 ans, entrepreneur. Ce jour-là, il s’est fait transporter en ambulance par une équipe médicale, sous les regards inquiets de son épouse et de ses enfants, mais également ceux apeurés ou accusateurs de ses voisins. « Je regardais ma famille s’éloigner au fur et à mesure que l’ambulance avançait. J’avais les larmes aux yeux, je les rassurais du mieux que je pouvais par un geste de la main. Mais je me demandais comment ils allaient être traités par le voisinage. Dans l’ambulance en route pour le centre, l’équipe médicale m’a briefé sur le lieu où je serai pris en charge tout en me rassurant également. J’avais l’impression d’être dans un mauvais rêve. Je dois avouer que je ne les écoutais pas vraiment, plongé dans mes pensées. Je me demandais si j’allais mourir », témoigne-t-il. C’est aux environs de 10 h que Frank E. arrive à la structure de Médecins sans frontières à Djoungolo à Yaoundé, un centre de prise en charge des malades du Covid- 19. A l’entrée, un comité d’accueil d’au moins 50 personnes constitué des malades. C’est devenu une tradition dans ce centre, on accueille les nouveaux pour les mettre en confiance. Une idée d’un secouriste de la Croix-rouge camerounaise, lui également malade du Covid-19. L’accueil apaise beaucoup Frank. Le sourire sur son visage en dit long. Par un geste de salutation coudes à coudes, une grande fraternité s’installe très vite. Dans la foulée, il reconnaît même certains de ses collègues qui ont contracté le virus plus tôt. Sa joie est immense de les savoir en forme, le moral haut. Dans l’enceinte du centre aux murs bleus et blancs, quatre salles d’une capacité de 20 lits chacune sont prêtes. Pour le moment, seules trois d’entre elles sont occupées : une pour les femmes, deux autres, pour les hommes. Les patients sont de toutes les catégories sociales. On y retrouve parfois des familles entières, pères et filles, des couples ou encore des personnes venues toutes seules. Cet univers est invraisemblable et inhabituel pour Franck. Muni de son sac à dos, il est conduit vers son lit. Son voisin est sous respirateur. La panique s’installe. « A ce moment-là, je me suis dit qu’il est en train de mourir. Et après, cela sera mon tour. J’ai regardé tous les autres autour de moi et pensé que c’est juste un mirage, me demandant si l’on guérit vraiment de cette maladie », révèle-t-il. Une infirmière vêtue d’une combinaison blanche de la tête aux pieds le rassure très vite : « Ne vous inquiétez pas. C’est un malade arrivé dans un état critique. Il reçoit un traitement spécial et il va beaucoup mieux ». Après quoi, lui sont remises une trousse de toilette et une palette d’eau minérale. On lui explique aussi comment les journées se déroulent dans le centre. « Un médecin viendra s’entretenir avec vous. On vous donnera des m&e...

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