Terrorisme et changements anticonstitutionnels : l’Union africaine à l’épreuve

L’institution est en train d’étaler toute sa fragilité face à ces deux problèmes cruciaux qui attaquent ses fondements.

Le 30 mai dernier à Malabo en Guinée équatoriale, deux sommets extraordinaires de l’Union africaine, un sur les crises humanitaires et l’autre sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels, se sont clos sans cérémonie et sans résolutions. Les chefs d’Etat devaient se prononcer sur la situation antidémocratique au Mali, en Guinée Conakry et au Burkina Faso. A la place de la déclaration finale, c’était le black-out. Situation identique une semaine plus tard à Accra, lors du sommet de la Cedeao. Le choix entre le durcissement des sanctions contre les juntes ou leur assouplissement ont divisé les présidents de la République qui ont préféré renvoyer le débat dans un mois. Le sujet est sensible. Autant la maison du voisin qui brûle ne laisse pas indifférent, autant la décision à prendre contre les « fauteurs de troubles » met mal à l’aise. 
A vrai dire, la gestion du terrorisme et du changement anticonstitutionnel s’apparente à un casse-tête pour l’Union africaine. En dehors des condamnations et de prises de décisions sans véritable de moyens d’action, l’Union africaine ne s’était pas encore véritablement investie à fond sur ces deux volets. Ce sont les acteurs extérieurs comme l’Union européenne et les Nations unies qui sont plus engagés. L’Union africaine veut bien reprendre le dossier et cette volonté la met à l’épreuve. Elle reste très évasive quand il s’agit des coups d’Etat ici et là, sur le continent. Lorsque cela arrive, c’est la même litanie : condamnation, suspension du pays incriminé. Plus rien. 
Pourtant, certains des pays membres sont très avancés en matière de démocratie. Il est quasi-impensable d’envisager le changement de la constitution en Afrique du Sud. Il y a des pays qui pensent qu’on peut tolérer et s’accommoder du pouvoir militaire à condition qu’il rétablisse la sécurité et organise les élections ; il y en a d’autres qui soutiennent que la politique n’est pas un champ en friche pour les pandores. A Malabo comme à Accra, on sent que l’équation n’est pas simple. C’est un brûlot difficile à gérer. Cependant cela laisse entrevoir toute la faiblesse de l’institution, dans sa prise de décision, mais aussi dans la force d’action.   
Entre temps les militaires ont déjà conforté leur pouvoir arraché à Bamako le 18 août 2020, à Conakry le 05 septembre 2021 et à Ouagadougou le 04 ja...

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