Les Nouvelles route de la soie, 10 ans après : à l’épreuve de la géopolitique

La Chine et ses partenaires se sont retrouvés le 17 octobre dernier à Beijing pour une évolution du chemin parcouru.

Les nouvelles routes de la soie ! Jamais projet de développement des infrastructures ne fut autant au cœur de l’actualité internationale, tant par son gigantisme, son symbolisme, son attractivité et parfois la répulsion spontanée qu’il inspire dans certains cercles, au point qu’on pensait le voir se consumer à la manière d’une étoile filante, sous le feu de l’envie et de ressentis extrêmes ! Et pourtant, 10 ans plus tard en ce mois d’octobre 2023, la Chine, conceptrice de ce méga projet, et ses partenaires ont fait le déplacement de Beijing pour évaluer le chemin parcouru et tracer les voies du futur.
Au-delà du gigantisme que révèlent les chiffres, un investissement d’un billiard de dollars, au bénéfice d’une population de trois milliards d’habitants répartie dans 152 pays, dont le Cameroun, le projet est remarquable par l’identité de celui qui le porte : Xi Jinping, président tout-puissant d’une Chine conquérante, dont les performances économiques menacent ouvertement la suprématie américaine. Conçu à l’origine comme un programme infrastructurel destiné à relier et rapprocher l’Asie, l’Europe et l’Afrique, aux fins de booster le commerce et la prospérité, à travers la construction de routes, autoroutes, voies ferroviaires, ponts, technologies, les Nouvelles routes de la soie sont devenues au fil du temps un levier stratégique et un véritable instrument de soft power dans les relations internationales. Les autorités chinoises aiment d’ailleurs répéter qu’il s’agit désormais d’un « bien mondial » que toute l’humanité doit protéger et faire croître ; une plateforme pour pratiquer le multilatéralisme, le consensus, la sagesse et le sens du bonheur…
Cette évolution n’aurait sans doute pas été possible sans la crispation politico-idéologique qui a marqué depuis une dizaine d’années les relations entre le traditionnel bloc occidental et le nouveau pôle de développement créé par les BRICS, qui revendique désormais un nouvel équilibre géopolitique, avec pour argument sa montée en puissance économique. La crispation virant à la radicalisation, le président américain, Joe Biden, a annoncé la création de l’India-Middle East-Europe Economic Corridor (IMEC), lors du dernier Sommet du G20. Cette initiative peut être considéré à juste titre comme une réplique occidentale des Nouvelles routes de la soie, en y intégrant l’Europe, le Moyen-Orient, en même temps qu’un membre influent des BRICS, l’Inde… Cette tournure inattendue a contraint des pays européens déjà membres des Nouvelles routes de la soie, et de la Banque pour les Investissements et les infrastructures qui accompagne ce projet, à remettre en question leur adhésion.
Ce 10e anniversaire s’est donc célébré à Beijing dans ce contexte particulier, avec une détermination et un engagement réaffirmés, et l’intime conviction que malgré la présence fédératrice du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterrès, le monde s’était refracturé en deux blocs irréconciliables, comme au temps de la guerre froide. L’avenir des Nouvelles routes de la soie est-il compromis dans ce nouvel environnement de confrontation géopolitique ? Pas vraiment. Car à vrai dire, si des ténors européens étaient contraints de se retirer, au nom de la fidélité à un camp, beaucoup d’autres pays sont demandeurs, en particulier en Afrique, où les échanges commerciaux avec la Chine connaissent un grand boom. Certes, l’appareil de production dans la plupart des pays africains devrait largement être remis à niveau si le continent noir rêvait de tirer réellement parti d’une connexion commerciale intégrale avec ...

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