Crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, le fédéralisme : une thèse désuète, éculée, et inappropriée

La sortie du Sénateur et Patriarche NFON Victor MUKETE dans l’hebdomadaire Jeune Afrique du 19 février 2018 est un véritable pavé jeté dans la marre de la brûlante actualité politique du Cameroun. Difficile de comprendre les véritables ressorts de cette joute soudaine, aussi imprévisible que malvenue d’un témoin de l’histoire de notre pays, pourtant connu jusqu’à cette preuve du contraire pour sa mesure et son attachement aux idéaux républicains, incarnés par S.E. Paul BIYA, président de la République et chef de l’Etat.
Souvenons-nous bien, au début de la crise dite anglophone, le président de la République, dans sa posture de garant du fonctionnement régulier des institutions, avait comme à son habitude, clairement exprimé son ouverture au dialogue et à la revendication, excluant toutefois fermement toute action visant à porter atteinte à la forme de l’Etat, acquis historique scellé par le constituant de 1996 sous la forme d’une clause intangible. Dès lors il est évident que l’option publique de Nfon MUKETE en faveur d’un fédéralisme à dix Etats sonne comme une prise de distance par rapport à la position du chef de l’Etat.
Que l’on s’entende bien. S’il est ici hors de propos de contester la liberté d’opinion du patriarche Nfon MUKETE dans la mouvance du débat national, en vue de la recherche des solutions pertinentes aux problèmes que soulèvent certains de nos compatriotes des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, il demeure toutefois que sa sortie médiatique suscite au moins trois interrogations pertinentes :
Position dissidente
Premièrement, pourquoi ce fervent partisan du régime BIYA, président du Conseil d’Administration de la Cameroon Telecomunications, Sénateur, membre du Bureau Politique du RDPC et de ce fait proche collaborateur du Président national de ce parti, a-t-il attendu plus d’un an pour exprimer une telle position dissidente au mépris du sacro-saint principe de la discipline partisane ?
Deuxièmement, quelles intentions sous-tendent une telle volte-face au moment où le chef de l’Etat vient de convoquer le corps électoral pour l’élection sénatoriale du 25 mars 2018 ?
Troisièmement, le Sénateur MUKETE serait-il en train de dévoiler le deuxième visage du janus politique, qui gardait en secret l’idée que les revendications de départ, exprimées par les avocats et les enseignants originaires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’étaient qu’un prétexte pour le déploiement d’un agenda politique inavoué ?
En tout état de cause, le désarroi que suscite la discordance de ce haut commis de l’Etat, plus encore, de ce militant de la première heure à qui l’on apprend pas le sens de la réserve et de la loyauté vis-à-vis d’un système dont il a séculairement bénéficié, ne traduit qu’une certitude. Celle de la vitalité du RDPC, dont les membres peuvent, en toute quiétude, exprimer des positions personnelles pouvant même aller au-delà de la solidarité organique et des options idéologiques dessinées par la technostructure du parti.
Désaveu populaire
Mais c’est également en vertu de cette liberté de pensée et d’expression que nous nous permettons, en toute déférence, d’appeler l’attention de l’honorable patriarche sur les réalités suivantes :
-Le fédéralisme a été massivement rejeté par les camerounais le 20 mai 1972, à l’issue d’un référendum. Il s’agit d’un fait inaltérable de l’histoire consécutif au désaveu populaire d’une structure étatique bureaucratique et inefficace, comptant trois gouvernements (01 fédéral et 02 fédérés), trois assemblées (01 fédérale, 02 fédérées, 01 des chefs traditionnels du Cameroun occidental), trois cours suprêmes (01 fédérale et 02 fédérées) et autant de postes de dépenses, au détriment d’investissements structurants pour un développement économique et social. Sans vouloir déduire de manière simpliste que les économies réalisées à la suite de ce dégraissement institutionnel ont servi au développement rationnel du pays, il y a toutefois lieu de reconnaitre que des progrès indéniables ont été accomplis dans tous les domaines, bien que beaucoup reste à faire, tant l’œuvre de construction nationale est, au Cameroun comme ailleurs un processus continu.
-Eu égard à ce qui précède, le retour au fédéralisme est-il la solution magique pour une paix durable et pour le développement inéluctable de notre pays ? Rien n’est moins sûr, parce qu’il existe en Afrique des exemples fort édifiants qu’il suffit d’évoquer pour émettre de sérieuses réserves par rapport à cette vision.
A la vérité, chaque pays se construit avec des spécificités qui lui sont propres. A titre d’exemple, loin de toute nostalgie monarchique, la France se développe sous la cinquième République en déployant des modèl...

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