En marche vers son destin
- Par Marie Claire
- 16 juil. 2018 12:01
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Editorial
Comme une bouffée d’air frais s’engouffrerait en trombe dans la moiteur de ce mois de juillet, le tweet de Paul Biya annonçant sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre a fait frissonner le microcosme… De contentement, de stupéfaction, ou de panique selon le côté où l’on se trouve. Il n’y a aucun doute : le moment et la manière particulière de délivrer ce message ont frappé les esprits, alors qu’une véritable onde de choc parcourait le pays et la blogosphère.
Car, c’est en pleine activité diplomatique -la réception du président de la Commission de l’Union africaine- et en quelques mots bien pesés sur Twitter, le média social le plus huppé et le plus éclectique, que le chef de l’Etat s’est déclaré. Renvoyant ainsi à leurs chères études certains autres candidats qui aiment à s’autoproclamer plus en phase avec la jeunesse et avec leur temps, tout en optant pour les formules les plus classiques, parfois les plus éculées, de communication.
C’est à dessein, nous semble-t-il, que cette annonce est survenue au beau milieu de la routine quotidienne du travail présidentiel. Le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, se présente ainsi à ses concitoyens tout en simplicité comme un homme au travail, concentré sur sa tâche, occupé à régler au mieux les affaires du Cameroun.
Celles-ci sont à ses yeux si importantes et si pressantes qu’il choisit de ne pas s’accorder une pause, le temps d’annoncer sa candidature sur un mode solennel et traditionnel. Même s’il est vrai que le tweet lui permet de toucher instantanément une large audience planétaire.
Preuve qu’il a fait mouche, la logorrhée verbale des commentateurs politiques autour de cette annonce, aussi bien sur les chaînes nationales qu’internationales, sur les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux, ne s’est pas démentie tout au long du week-end. Malgré l’actualité de la Coupe du monde de football dans un pays où ce sport reste une religion.
A la vérité, c’est un indicateur fiable de l’intérêt marqué des Camerounais et des observateurs pour cette candidature. On doit reconnaître que le fait d’avoir été attendue, espérée ou redoutée n’a en rien altéré son caractère exceptionnel, événementiel. Après tout, il s’agit de Paul Biya, l’homme qui dirige le Cameroun depuis 35 ans et dont le destin personnel se confond avec celui de son pays. Tant il l’a façonné, marqué de son empreinte, porté au cœur.
Nul doute que l’environnement national et international pèse et pèsera encore sur cette candidature annoncée, et sur la suite de l’histoire. En effet, dans les nombreuses incertitudes de notre époque, parmi lesquelles la prévalence d’une logique de guerre commerciale entre les puissances, l’érosion du leadership politique et économique de l’Occident, l’agonie en trompe-l’œil de la multinationale du terrorisme, les inégalités et l’absence de solidarité à l’échelle mondiale, source de frustrations et cause de migrations incontrôlées, les Camerounais ont plus d’une raison sérieuse d’avoir peur de l’avenir. L’annonce de la candidature de Paul Biya a pu les rassurer à cet égard et certains en témoignent dans les médias.
Le fait est connu : face à l’inconnu et au danger, l’homme se raccroche spontanément à des repères idéologiques ou humains. Pour beaucoup, le sens du leadership de Paul Biya et sa longue expérience des affaires nationales et internationales en font un repère des plus sûrs. C’est l’homme qui a géré avec dextérité les soubresauts politiques ayant suivi la restauration du pluralisme politique ; c’est lui encore qui a porté un coup fatal à Boko Haram.
Et comment passer sous silence le contexte national ? Au moment où le pays et la sous-région se battent courageusement pour garder la tête hors de l’eau, suite à l’effondrement des cours des matières premières, et grâce à l’impulsion du président du Cameroun, la crise sécuritaire monte d’un cran dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-O...
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