« Elecam a une fois de plus réussi son pari »

Aboya Endong Manassé, professeur des Universités et directeur exécutif du Groupe de recherche sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA).

Professeur, le processus électoral sera bouclé ce lundi 22 octobre 2018 avec la proclamation par le Conseil Constitutionnel des résultats de la présidentielle du 07 octobre 2018. Quel regard jetez-vous sur la qualité du fichier électoral géré par Elecam, de la révision des listes électorales jusqu’à la consolidation du fichier arrêté à 6 617 854 électeurs ?

Le moins que l’on puisse dire est que parmi les indicateurs probants de la fiabilité et de la sincérité d’une élection, la gestion du fichier électoral occupe une place de choix. C’est dans cette logique que la loi électorale confère Elecam, la charge de gérer ce fichier électoral de façon à garantir aux différentes consultations électorales une crédibilité, une sincérité et une fiabilité certaines. Voilà pourquoi, conformément à l’article 26 (1) de la loi n° 2012/001 du 19 avril 2012 portant Code électoral, Elecam procède systématiquement à la constitution, la gestion, la mise à jour et la conservation du fichier électoral. C’est également dans l’exécution de ces prérogatives exclusives qu’Elecam procède régulièrement à la révision du fichier électoral. Cette opération consiste ainsi à « toiletter » et à mettre à jour le fichier électoral dans la perspective de l’échéance électorale attendue. Aussi, l’année 2018 était-elle programmée comme une année électorale majeure au Cameroun. Pris dans ce sens, Elecam a mené longtemps à l’avance une importante campagne d’inscription sur les listes électorales, en partenariat avec les partis politiques et la société civile, pour mettre à jour le fichier électoral. Cette mise à jour s’est faite aussi bien à l’intérieur du territoire national qu’en direction de la diaspora, pour impliquer et intégrer les Camerounais de l’étranger dans le processus électoral. Des campagnes de sensibilisation ont ainsi été menées à ce sujet. Celles-ci ont d’ailleurs bénéficié de l’apport décisif d’un mouvement volontaire connu sur la dénomination de « 11 millions d’électeurs ». Au terme de cette campagne de mise à jour du fichier électoral, le nombre d’électeurs inscrits pour le scrutin présidentiel du 07 octobre 2018 est de 6 617 854. Y réagissant, le regard que l’on pourrait porter sur la qualité de ce fichier électoral arrêté à 6 617 854 est un regard assez prudent et réaliste, dans la mesure où ce fichier est révélateur d’une double tendance observée. Certes, il y a un intéressement croissant des Camerounais à la chose politique en général et particulièrement au processus électoral, comme cela s’est manifestement donné à voir dans le cadre de l’échéance électorale qui prend fin ce jour. Pour s’en convaincre, il convient certainement de rappeler que pour la même élection en 2011, le fichier électoral marquait un nombre total d’électeurs qui était alors de 7 521 651 électeurs pour exactement 4 951 434 votants et un taux d’abstention de 34,171%, soit 2 570 217 électeurs. De ce point de vue, le fichier de 6 617 854 électeurs est réaliste, voire objectif.

On sait que l’organisation matérielle a exigé un travail gigantesque et complexe, comprenant entre autres, la production des bulletins de campagne et de vote pour neuf candidats et l’acheminement de tout le matériel électoral jusqu’aux 24 988 bureaux de votes créés. Avez-vous le sentiment, au vu des récriminations de certains candidats, que malgré tout, Elecam a une fois de plus réussi ce pari ?

Sur ce plan, la logistique déployée par Elecam pour cette échéance électorale est particulièrement appréciable. Les bulletins de vote, le matériel électoral, les listes des électeurs, l’aménagement et la disponibilité même des bureaux de vote ont été préparés avec le plus grand sérieux, quoiqu’en disent les récriminations portées par certains partis politiques. Avec la Société de Presse et d’Editions du Cameroun (SOPECAM), Elecam a procédé à l’impression des bulletins de vote de chaque candidat et des communiqués ont régulièrement été publiés pour impliquer les différents candidats à cette opération, tant pour ce qui est du choix des couleurs des bulletins de vote, que pour ce qui est du BAT (Bon à tirer). Elecam l’a fait de façon professionnelle. Par ailleurs, Elecam a pris soin de former son personnel électoral sur toute l’étendue du territoire national. Les délais prescrits, aussi bien pour rendre disponibles les listes des électeurs, le matériel électoral et les bureaux de votes ont été respectés. Les récriminations de certains candidats portées devant le juge du contentieux électoral n’ont naturellement pas été fondées, parce qu’elles ont été articulées autour de nombreux amalgames comme l’indique le contenu de la décision du Con...

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