« La presse a boosté la liberté d’expression »

Pr. Nicole Claire Ndoko, juriste privatiste, membre de la société civile, explique.

Pr. vous avez suivi comme tous les Camerounais les joutes qui ont caractérisé la dernière élection présidentielle. Pour la juriste que vous êtes, cette vitalité montre-t-elle que la liberté d’expression se porte bien au Cameroun ?

Je parlerai plutôt de la réalité de la liberté de la presse au Cameroun qui est effective et n'a pas attendu la période électorale du moins pour ce qui est de la quantité. Notre presse traîne cependant ses maladies habituelles notamment en matière de qualité. La presse d'opinion a tendance à prendre le pas sur la presse d'information et d'analyse. Il y a même souvent une véritable presse à gages. On assiste alors parfois à un matraquage en règle. Il faudrait donc davantage professionnaliser les médias écrits, mais aussi audiovisuels. Cela suppose dans une démocratie l'amélioration de son financement pour éviter de clochardiser les journalistes comme c'est souvent le cas aujourd'hui. On éviterait de les soumettre à la tentation. On serait alors en droit d'attendre d'eux plus de rigueur. Cela dit on ne saurait nier le rôle essentiel que la presse a joué pendant la période sensible que nous venons de traverser et à contribuer à l'éveil de l'engouement pour la chose politique objet d'indifférence et de méfiance voire plus jusque-là.

Longtemps avant la période consacrée par la loi à la campagne électorale, on a observé que les candidats avaient déjà investi l’espace médiatique. Qu’est-ce qui peut justifier un tel engouement ?

L 'effervescence pré-électorale a été réelle dans les médias. Il faut d'abord la mettre au crédit des médias eux mêmes qui ont rivalisé d'imagination pour mettre à la disposition de leur public des programmes alléchants consacrés aux élections. Les candidats ont saisi la balle au bond et s'en sont abondamment servis. On a alors assisté souvent à de grands moments notamment de télévision. De même on a assisté à l'émergence de figures politiques inattendues et nouvelles qui ont totalement illuminé ces moments. Les candidats ont dû structurer leurs équipes de campagne et envoyer au"front" de talentueux débatteurs qui ont souvent mis en déroute des politiciens expérimentés dont certains ont même été pitoyables. Dès cette période les candidats ont exposé leurs différents programmes et ont de cette manière capté l'intérêt des citoyens qui n'a pas cessé pendant et après la campagne.

En dehors des médias traditionnels, tous les candidats et leurs soutiens ont eu recours aux réseaux sociaux. Que vous inspire cette ouverture ? Est-elle porteuse de danger comme le pensent certains ou favorise-t-elle l’enracinement de la liberté d’expression ?

Les réseaux sociaux sont le reflet d'une société moderne et le Cameroun ne peut se tenir à l'écart de la modernité. Faute de se sentir écoutés et valorisés, les différents publics soupçonnent les médias classiques de leur cacher la vérité qu'ils croient trouver dans les réseaux sociaux qui ont pris une importance...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie