Merci !


45 ans avec vous, chers lecteurs. Déjà ! Merci pour ces moments inoubliables ! Ce 1er juillet est la date anniversaire de votre journal. Il y a en effet 45 ans, jour pour jour, que Cameroon Tribune était élevé sur les fonts baptismaux par une équipe de pionniers portés par leur foi et leur enthousiasme. Dans un univers médiatique dominé par la radiodiffusion, éditer un journal s’apparentait alors à une aventure ambiguë, tant les conditions techniques étaient aussi pénibles que rudimentaires, contraignant journalistes et techniciens à travailler jusqu’au bout de la nuit. Ce premier numéro, ancêtre pas si lointain du journal d’aujourd’hui, est aussi entré dans l’Histoire parce qu’il portait un titre détonnant, ou du moins perçu comme tel : « Ahidjo est de retour. » Formule banale et usuelle pour les journalistes, mais ô combien téméraire pour l’époque. Elle fit donc grand bruit et suscita force remontrances, selon le récit du ministre d’Etat, Jacques Fame Ndongo, premier coordonnateur de la rédaction de langue française. Comment en effet désigner le président de la République d’une manière aussi « cavalière » ? Le devoir d’impertinence des journalistes a acquis depuis lors droit de cité, et davantage encore…
En 45 ans, Cameroon Tribune est passé par bien des mues et bien des agonies, et autant de renaissances, bien des révolutions et des succès, qu’ils soient technologiques ou éditoriaux, et une foultitude de questionnements. En ce 45e anniversaire, que nous voulons sobre et introspectif, nous avons choisi, précisément, de mettre un questionnement au cœur de la réflexion : si la presse écrite demeure indispensable et pertinente pour notre société, et personne n’en doute, quel serait son rôle idéal dans notre démocratie en construction ?
A 45 ans d’intervalle, la « Une » de ce 1er juillet 2019 est le signe que le curseur du temps a déplacé les préoccupations des Camerounais vers les exploits sportifs et les soubresauts de la démocratie. En effet, un tollé général de la classe politique condamne les manifestations sauvages d’un groupe de Camerounais devant l’hôtel où séjourne Paul Biya à Genève. Depuis les années 90, notre pays, et toute l’Afrique subsaharienne, sont entrés dans un cycle de turbulences. Le foisonnement d’idées, d’opinions, de partis politiques, de journaux consécutif au processus de libéralisation économique et politique a bouleversé certains équilibres, exacerbé les différences identitaires et culturelles, établi la primauté de l’individu et de ses droits. Dès lors, le choc avec un Etat central attelé à construire l’Etat-nation et la stabilité politique, au milieu des difficultés économiques, était quasiment inévitable. De la côte occidentale du continent à la côte orientale, ces années furent donc mouvementées, parfois sanglantes. Et si les démocraties naissantes se sont apaisées plus ou moins depuis lors, le consensus social et politique sur les questions essentielles reste partout un défi.
Quel rôle les médias de service public sont-ils appelés à jouer dans un tel contexte, pour consolider la démocratie ? Comment promouvoir toutes les sensibilités sans encourager le repli identitaire ? Comment réconcilier la société avec elle-même, la conscientiser sur les périls venus de l’extérieur, sans cultiver la xénophobie et la paranoïa ? Comment travailler solidairement avec les confrères, afin que l’élite journalistique nationale ne tombe pas sous le pouvoir des lobbies, quels qu’ils soient ? Quelles sont les relations idéales avec les pouvoirs, de façon à permettre que la presse demeure un aiguillon de la démocratie ? Même si nous avons fait appel à certaines personnalités pour essayer d’y répondre, ce questionnement est proposé à chacun de vous, chers lecteurs, vous sans qui le pouvoir des médias n’en serait pas un, vous les censeurs par excellence de la qualité de notre travail.
Il est clair que la presse écrite publique &ndash...

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