« Il faut donner une forte impulsion à la commission de la CEEAC »

Barnabé Okouda, Coordonnateur du Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales.

Que retenez-vous de la situation économique du Cameroun au moment où l’année 2019 s’achève ?

De manière globale, le Cameroun aura  tenu bon et aura réussi à se maintenir à flot malgré les vents contraires et la zone de fortes turbulences traversée. Nous reconnaissons que ce fut difficile…Nous retiendrons trois faits majeurs: la tenue  du  Grand dialogue national qui a suscité beaucoup d’espoir au sein de la communauté camerounaise et de ses partenaires. En évaluant l’impact économique du coût de reconstruction des régions sinistrées estimé à 3500 milliards de F, il est évident que le GDN ne peut pas seulement être vu comme un fait à caractère politique. Une autre traduction de cet impact économique de la crise est la baisse des prévisions budgétaires pour l’exercice 2020 par rapport à l’année antérieure. Cela n’avait pas été vu depuis des années dans notre pays. Nous avons aussi la fin du DSCE et la mise en orbite de la Stratégie nationale de développement (SND). Les autorités camerounaises ont rendu publique l’ossature de cette Stratégie devant marquer la seconde phase du parcours vers l’Emergence selon la Vision 2035. Au plan international et sous régional, incontestablement la fin du FCFA, longtemps réclamé par les opinions publiques et certains hommes politiques des pays membres de la zone franc et d’ailleurs, le décrochage ombilical du franc des colonies ou de coopération  française  en Afrique (CFA) est acté depuis le 22 décembre 2019 pour l’Afrique de l’Ouest (XOF) et en étude (sans possibilité de retour) pour l’Afrique centrale (XAF).  Après cet acte plus politique et symbolique en terme d’autonomie de gestion, il revient désormais aux Etats africains (UEMOA/ CEDEAO et CEMAC/CEEAC)  de mettre en action des politiques économiques solides et pertinentes pour garantir la stabilité et la solidité des monnaies respectives dans les deux sous-zones.

Le Made in Cameroon a aussi connu une percée au cours de l’année qui s’achève. Comment améliorer davantage l’offre pour qu’elle réponde au besoin d’un marché de plus en plus grand et exigeant ?

Des travaux sur la transformation économique du Cameroun ont déjà été validés en montrant que le Made in Cameroon devrait plutôt viser l’Afrique centrale (CEEAC) et le Nigéria. Et maintenant que le pays a ratifié les accords de la ZLECAF, l’offre des produits camerounais devrait revêtir une « identité » plus large, c’est-à-dire sous régionale et au mieux continentale. La CEEAC fait 200 millions d’habitants,  environ la même taille que le Nigéria seul. Le profil de notre tissu productif étant essentiellement constitué de TPE et PME, les efforts doivent désormais porter sur le relèvement qualitatif et quantitatif des biens et services capables de conquérir et de fidéliser les marchés ci-haut identifiés. Beaucoup d’institutions et de programmes existent déjà dans ce sens, mais l’absence de coordination et le défaut de  mise en commun des  idées et des actions ne permettent pas d’atteindre la masse critique pour le décollage véritable du made in Cameroon qui rayonne. La promotion des « champions nationaux »  évoquée il y a quelques années n’a pas de résultats jusqu’alors ; les banques camerounaises et autres institutions financières restent passablement  conquérantes à l’extérieur, etc.  Une proposition de gestion stratégique de l’Etat sus évoquée serait par exemple de revisiter le cadre institutionnel et renforcer les capacités organisationnelles des structures en charge de la politique des PME. Le Sénégal l’a fait récemment et  les premiers résultats sont visibles.

Y a-t-il lieu d’attendre une réelle amélioration des conditions de vie des populations et d’accès aux services sociaux de base en 2020 au moment où la Cemac se porte mieux ? 

La CEMAC se porte peut-être moins mal, mais pas nécessairement mieux. La difficulté dans notre sous-région est que nous vivons permanemment dans le futur… Pendant ce temps, nous accumulons une distance considérable de retard sur les autres sous-régions du continent en matière de progrès de développement. Mon opinion est que le processus de dissolution/absorption de la CEMAC par la CEEAC doit s’accélérer et prendre corps dans les meilleurs délais au vu des évoluti...

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