« Le maire ne peut plus être choisi de manière subjective »

Pr. Manassé Aboya Endong, Professeur titulaire de Science politique, Directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA) (Université de Douala).

 

Professeur, quelle lecture faites-vous des premières élections des exécutifs municipaux après le scrutin du 9 février 2020 ?

D’emblée, le moins que l’on puisse dire est que les premières élections des exécutifs municipaux sont un témoignage éloquent à la fois de l’ancrage progressif et décisif de la culture démocratique au Cameroun. En effet, leur articulation concrète sur le terrain démontre à suffisance qu’il y a une continuité entre l’expérience de la socialisation à la culture démocratique et la réputation de l’Etat camerounais qui a fait depuis toujours, le pari de l’apaisement et de la stabilité dans un environnement de plus en plus incertain. Aussi, démocratiquement parlant, ces premiers exécutifs communaux se mettent-ils en place, soit en optant pour la continuité, soit en prenant le risque de la rupture. Dans tous les cas, le jeu démocratique a prévalu, là où on prédisait ici ou là une issue pessimiste au processus d’élection de ces exécutifs communaux. Tout semble donc indiquer que la culture démocratique structure de plus en plus les comportements politiques, dans la mesure où le fair-play rentre progressivement dans les habitudes. Pour illustration, on a quasiment pas vécu la contestation d’une éventuelle victoire d’un maire par ses adversaires sauf là où, fait isolé, le repli identitaire a risqué de compromettre la culture démocratique.

On note tout un fort penchant pour le renouvellement des équipes appelées à diriger les communes. A quoi cela est-il dû à votre avis ? Le nouvel enjeu que représente le processus de décentralisation avec la loi promulguée le 24 décembre 2020 peut-il à lui seul expliquer ce dynamisme et cet intérêt ?

La tendance au renouvellement des équipes est symptomatique d’une vitalité du jeu démocratique. Elle traduit la prise de conscience par les élus locaux des enjeux contemporains du pouvoir local à l’aune de la Loi sur le Code général des collectivités territoriales décentralisées. L’accélération de la décentralisation et les enjeux qu’une telle dynamique charrie sont indissociables avec cette tendance au renouvellement des équipes appelées à diriger les communes. Il s’agit pour les élus locaux de choisir des personnes à même de gérer au mieux les communes dans un contexte où se décentralise considérablement le pouvoir. L’enjeu du profil du maire et de ses adjoints est une variable explicative pertinente de cette tendance au renouvellement des exécutifs communaux. Le maire issu de la loi sur le Code général des collectivités territoriales décentralisées du 24 décembre 2019 est un acteur du développement local aux pouvoirs et compétences conséquents. De ce point de vue, le maire comme ses adjoints gèrent le quotidien des citoyens. Par conséquent, ils ne sauraient être choisis de manière irresponsable et/ou selon des critères subjectifs, voire fant...

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