Une inflation qui interroge

Si la démocratie se mesurait au nombre de partis politiques, le Cameroun et bien d’autres pays en Afrique remporteraient assurément la palme d’or. Portée au pinacle dans les années 90, à la faveur de l’ouverture démocratique, le pluralisme politique s’est traduit par une floraison de partis politiques qui sont supposés concourir à l’expression du suffrage universel. Le dernier pointage au ministère de l’Administration territoriale fait état de 318 partis politiques légalisés pour un pays d’environ 25 millions d’habitants. Ce chiffre est une illustration parfaite de ce que le Cameroun, comme bien d’autres Etats démocratiques en Afrique, a cru bien faire en simplifiant les conditions de création des partis politiques à travers l’adoption et la promulgation de la loi du 19 décembre 1990. L’article 5 de ce texte se limite à énumérer les pièces qui rentrent dans la composition du dossier à déposer auprès des services du gouverneur territorialement compétent (demande timbrée indiquant les noms, adresse ainsi que l’identité complète, profession et domicile de ceux qui sont chargés de la direction et/ou de l’administration du parti ; bulletin N° 3 du casier judiciaire des dirigeants ; procès-verbal de l’assemblée constitutive en triple exemplaire ; statuts en triple exemplaire ; engagement écrit avec signature légalisée de respecter les principes énumérés à l'article 9; mémorandum sur le projet de société ou le programme politique du parti ; indication du siège). Quant aux critères pour être dirigeant d’un parti politique (article 11), ils ne sont nullement prohibitifs (être de nationalité camerounaise d'origine ou d'acquisition depuis au moins dix (10) ans ; être âgé de 21 ans au moins;  jouir de ses droits civiques, ne pas appartenir à un autre parti politique;  résider sur le territoire national).
Trente ans après le retour du multipartisme, il est aujourd’hui loisible de constater que cette grande ouverture, avec un nombre de partis foisonnants, dissimule mal une grande faiblesse programmatique, structurelle, numérique, avec comme conséquence : l’incapacité à peser réellement sur la vie politique. Cela d’autant que, le plus souvent, la motivation de leur création obéit notamment à des considérations liées à des ambitions personnelles, ethniques et souvent matérielles. Aux dernières élections législatives, seules huit formations politiques ont obtenu leurs tickets d’entrée à l’Assemblée nationale. Sept sont présentes au Sénat et 18 seulement disposent des conseillers municipaux dans les communes du pays.  Si on passe en revue les performances des partis politiques ces vingt dernières années, seule une dizaine a un ancrage et un maillage territorial, avec un programme et des projets de société dignes de ce nom.  A contrario, la vacuité des discours politiques, l’absence d&r...

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