Interview : « C’est peut-être aussi une chance pour la Côte d’Ivoire »

Joseph Vincent Ntuda Ebode, professeur titulaire des Universités hors échelles en Relations internationales et études stratégiques et directeur du Centre de recherche d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa.

Les Ivoiriens sont attendus aux urnes le 31 octobre prochain pour élire un nouveau président, alors que le climat socio-politique est de plus en plus tendu dans le pays. Quelle lecture ?

Après l’accalmie ayant suivi l’accession au pouvoir du président Ouattara, grâce au soutien de la communauté internationale, au terme de l’élection présidentielle de 2010 et des violences qui en ont suivi, la situation en Côte d’Ivoire s’est subitement tendue en août dernier, lorsqu’il a, au terme de son deuxième mandat, supposé être le dernier est, après avoir dit dans un premier temps qu’il se retirait de la course à la présidence, revenu sur sa décision, prétextant le décès de son Premier ministre désigné dauphin. Cette situation s’est davantage complexifiée, non seulement avec la décision de la Cour constitutionnelle d’écarter l’ancien président Gbagbo de la course, après avoir été acquitté et blanchi par la Cour pénale internationale, au terme d’un procès retentissant qui aura duré plus de huit ans. Mais aussi, lorsque s’est ajouté le rejet de la candidature de son ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Et comme on aurait pu s’attendre en pareille circonstance, la classe politique, tout comme l’ensemble de la société ivoirienne s’est divisée en deux pôles : les pro et les anti-Ouattara, reproduisant du même coup les anciennes querelles autour de l’ivoirité, à la seule grande différence que cette fois-ci, la communauté internationale, prise de cours, semble hésitante, pendant que les replis identitaires refont surface et que la société s’enlise dans la violence.

« Le boycott actif » lancé par Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, deux poids lourds de l’opposition, est en marche, la médiation internationale est à la peine, les replis identitaires de plus en plus visibles et le concept d’ivoirité a refait surface. Que faut-il redouter ?

Il est donc à craindre que, si les élections se tenaient dans les conditions actuelles, les présidentielles 2020 ne soient qu’un remake de celles de 2010, avec une polarisation des tensions autour des mêmes acteurs. Reste cependant à espérer que l’intelligence des situations associées aux leçons de l’histoire des temps récents prenne le dessus sur les égoïsmes et provoque un sursaut national au profit de l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne. En réalité, les égarements récents de la justice internationale sont de nature à embarrasser tout acteur international qui voudrait se précipiter sur cette situation. D’où la prudence actuelle. Mais c’est peut-être aussi une chance pour la Côte d’Ivoire elle-même, pour reprendre l’entière contrôle de sa souv...

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