« On ne peut pas prendre le peuple en otage…»

Sylvestre Ntinbantunganya, ancien président de la République du Burundi, chef de la Mission des observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Qu’est-ce qu’il faut retenir du déroulement des élections générales du 27 décembre dernier en République centrafricaine ?
La mission d’observation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) exprime toute sa satisfaction quant au déroulement du scrutin. Nous avons été bouleversés de manière positive. Parce que personne ne s’attendait effectivement après tout ce qui a été dit au sujet du comportement des hommes politiques, au niveau de l’activisme militaire de certains groupes politiques, au niveau des rumeurs qui se propagent sur les réseaux sociaux, personne disais-je, n’aurait pensé que le vote puisse se tenir. Mais nous avons observé une participation massive dans la ville de Bangui où nous avons déployé des équipes d’observateurs. Nous avons observé un professionnalisme avéré des agents qui animaient les bureaux de vote. Nous avons également pu constater une présence remarquable des observateurs tant nationaux qu’internationaux. Nous avons observé une présence discrète mais dissuasive des forces de sécurité, tant nationales que celles de la Minusca. Et tout cela a contribué à donner confiance au peuple. Dans notre entendement, le peuple centrafricain vient d’administrer une sérieuse leçon aux acteurs politiques de ce pays, mais également pourquoi pas à la communauté internationale et aux médias. Il a réalisé une prouesse à laquelle personne ne s’attendait.
Monsieur le Président, il y a néanmoins eu des dysfonctionnements qui ont été unanimement reconnus…
C’est vrai vous avez raison. Mais dans toutes les élections les dysfonctionnements ne manquent pas. La démocratie y compris sous ses aspects électoraux est un processus. On fait bien de l’appeler processus. Et un processus c’est quelque chose de continu. Même dans les grandes démocraties, du moins celles qu’on présente comme les mieux avancées, je ne voudrais citer personne, vous voyez les problèmes qu’il y a. Ce qu’il nous faut au niveau des missions d’observation dans des communautés comme la CEEAC, c’est d’encourager, d’appuyer et de dire aux citoyens d’un pays, aux responsables d’un pays, aux institutions qui organisent les élections, de foncer avec volonté, avec détermination. Il faut se dire nous le voulons, nous le pouvons. Quand on affiche une volonté d’affronter un problème, on finit toujours par trouver une solution. Je suis convaincu qu’à partir de ce que nous avons observé au niveau du comportement du peuple centrafricain, il y a un signe annonciateur d’un meilleur avenir.
Monsieur le Président, votre mission de votre propre aveu ne s’est déployée qu’à Bangui et sa proche banlieue. Comment pouvez-vous vous montrer aussi enthousiaste sur le déroulement du vote ?
Nous vous concédons votre remarque. Mais Bangui peut être considérée comme la somme de toutes les composantes de la société centrafricaine. Evidemment quand on respecte les principes démocratiques on ne peut pas ...

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