« J’ai vécu à fond les succès de mes premiers albums »

Henri Dikongue, artiste musicien.


Ce samedi au palais des Congrès à Yaoundé, vous donné un spectacle dans le cadre de vos 25 ans de carrière. Que retenez-vous particulièrement de ce quart de siècle ? 
Je n’ai pas vu passer le temps, mais j’ai réalisé le poids de ce que j’ai pu accomplir dans la musique depuis que je suis arrivé au Cameroun pour cette célébration. Quand je regarde en arrière, je me rends compte que mon premier fils a 26 ans et que j’ai 25 ans dans la musique. Je suis à l’aise avec moi-même, car je constate que les fans ont toujours de l’estime pour moi, me donnent de l’amour. Cette célébration me fait également constater que je fais toujours rêver et que je donne de la joie. Et dire que je n’étais pas parti pour être musicien. C’est avec les conseils et les encouragements de mes proches que j’ai décidé de faire un choix : finir mes études de droit ou devenir musicien. Je voulais par la musique, passer un message, dénoncer cette dictature économique et culturelle que subit l’Afrique, ainsi que des phénomènes comme le racisme. J’ai choisi d’entrer dans la musique, mais avec un style différent. Je me suis aligné sur des artistes comme Eboa Lotin ou Jean Bikoko Aladin, tout en apportant une touche personnelle inspirée des rencontres que j’ai eues. L’écriture a toujours été importante pour moi, car elle me sert à passer mes messages, et c’est pourquoi j’ai beaucoup travaillé en approfondissant mon apprentissage des langues vernaculaires comme le duala, le lingala.
Avez-vous le sentiment que votre message est passé, votre voix a-t-elle été entendue ?
Oui je peux le dire. Je suis parti de loin, sans sponsor, ni accompagnement, après avoir passé avec quatre ou cinq ans à présenter un projet dont personne ne voulait au départ, pour finalement arriver à cette reconnaissance, illustrée par une première scène au Bataclan à Paris, avec Cesaria Evora. S’en est suivie des tournées par la suite dans plusieurs pays du monde, jusqu’aux Etats-Unis. Partout où je suis allé, j’ai veillé à ce que notre culture ne soit pas rabaissée ou oubliée. J’ai poussé les gens jusqu’au bout à m’entendre. J’ai fait des chansons en plusieurs langues pour cette raison, en français, en anglais, en espagnol, et dans les langues duala et lingala. Il a fallu avaler beaucoup de couleuvres, des personnes qui n’applaudissent pas ou uniquement à la fin du spectacle par exemple, mais l’idée était de changer l’image des Africains que beaucoup voient comme des danseurs et non comme des artistes capables de proposer de la bonne musique. 
En 25 ans, votre musique a rencontré d’autres courants. Comment ces artistes ont-ils influencé votre évolution musicale ?
Je dois dire que j’ai eu de nombreuses rencontres tout au long de ma carrière. Etienne Mbappe par exemple m’a apporté beaucoup par rapport à son expérience, ainsi que des personnes comme Manuel Wandji, avec qui j’ai travaillé énormément aussi, sans compter les virtuoses de la famille Sabbal-Lecco. Au départ, nous avions tous du mal à faire comprendre à nos parents l’importance de la musique. Nous avons eu la chance de nous retrouver et de finalement faire ce que nous aimions le plus au monde, et c’est cette chance que je veux donner aux autres. J’essaye de présenter partout où je vais cette jeune vague de musiciens que j’ai recensés. Quand je peux, je les révèle au public, afin qu’il connaisse également leur dynamisme, le but étant de les encourager. Je reproduis exactement ce que tous ces artistes fabuleux ont fait en me tendant la main. En 25 ans, je suis fier d’avoir vu des gens qui m’ont donné de leur connaissance. Pierre Akendengue et Tala André Marie, des monstres de la musique gabonaise et camerounaise, étaient les premiers à me faire comprendre que la musique n’est pas un jeu.
En 25 ans, vous avez eu plusieurs albums, mais « Wa » et « C’est la vie » resteront gravés dans les têtes des mélomanes. L’artiste que vous êtes a-t-il ressenti une pression quand on sait que vous étiez toujours attendu sur des succès de ce genre ?
Effectivement, j’ai ressenti ce poids très fort, cette pression, mais seulement après des années. Car au tout début, je vivais à fond les succès de mon premier album, et de mon deuxi&egra...

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