Interview : « la Couverture santé universelle sera la solution »

Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.

Monsieur le ministre, depuis des années les hôpitaux publics sont confrontés à la gestion de l’insolvabilité des malades. Comment en arrive-t-on là ?
Ce phénomène n’est pas normal. Mais ce n’est pas essentiellement dans les hôpitaux. C’est dans tous les domaines sociaux et cela impacte la vie de tous les Camerounais. On observe ce phénomène dans toutes les sociétés. C’est un problème sérieux et on ne doit pas le négliger. Car, ce n’est pas parce que quelqu’un n’a pas la possibilité de se payer les frais médicaux qu’il ne doit pas avoir droit au traitement.

C’est d’ailleurs dans ce sens que le président de la République avait instruit le ministère de la Santé publique de libérer systématiquement tous ceux qui sont insolvables. Cependant, il convient de préciser que l’insolvabilité n’est pas une déclaration. C’est un processus qui doit nous permettre de confirmer que tel patient est insolvable ou non. Raison pour laquelle les hôpitaux sont dotés de services sociaux. Lorsqu’un malade a bénéficié des soins et se déclare incapable de payer lesdits soins, il est orienté au service social de l’hôpital. Celui-ci mène une enquête et c’est à l’issue de cette étude qu’on saura si le patient est capable ou non de s’acquitter de ses frais médicaux. Cela dit, le ministère des Affaires sociales est en train de faire un travail de fond pour mettre en place des cartes d’indigence.

Cela devrait nous aider à mieux les prendre en charge dans nos formations sanitaires. Comme vous le savez, 70% des frais médicaux sont encore supportés individuellement par les ménages. C’est quand même assez lourd.

Des patients incapables de régler leurs factures sont parfois retenus dans les formations sanitaires. N’est-ce pas dégradant ?
Ce sont certainement des éléments qui ont amené le président de la République à demander qu’on libère les insolvables assez rapidement dans les hôpitaux. En même temps, nous avons les formations sanitaires qui font face à des charges exorbitantes. Car, elles prennent systématiquement en charge tous ceux qui arrivent. Mais il faudrait bien que ces formations sanitaires continuent à prodiguer des soins à d’autres personnes. Du coup les hôpitaux sont obligés d’utiliser certains moyens afin d’amener les uns et les autres à faire des efforts.

Parmi ceux qui sont retenus, il y a des gens qui ont des téléphones portables d’une valeur de 300 000 F voire 800 000 F. Donc, on ne peut pas parler de situation dégradante. Mais, il faudrait seulement que la discipline nous caractérise, que nous puissions apporter des solutions qui ne nuisent pas au fonctionnement normal de nos formations sanitaires, ni ne pénalisent également nos compatriotes qui ont besoin des soins, mais n’arrivent pas à les avoir. Donc c’est le juste milieu qu’il faudra trouver. Ce que nous sommes en train de faire d’ailleurs.

A quoi servent les services sociaux existant au sein des hôpitaux ?
Ces services sociaux sont des structures destinées à établir un certain nombre de vérités sur le patient qui les sollicite. Quand par exemple un patient arrive à l’hôpital, on le prend en charge, par exemple pour une césarienne. A la fin on lui dit que sa facture fait 60 000 F et cet argent il ne l’a pas à l’instant. Normalement la première porte à laquelle le patient doit toquer, est celle du service social. Et ce dernier devra mener une enquête sur la personne en allant jusqu’au domicile du patient en question pour voir s’il a des possibilités ou pas de régler ses frais. Ce, afin de proposer aux responsables de l’hôpital d’alléger peut-être la facture de moitié ou du tiers.

A la fin, l’hôpital statue sur cette solution. Toujours est-il que nous avons deux choses en ligne de mire : d’un côté, il y a la sauvegarde du bon fonctionnement de l’hôpital à travers des frais générés, de l’autre, la sécurité sanitaire de nos compatriotes qui nous préoccupe. Il faudrait qu’on leur apporte le soutien et les soins sollicités. Mais ce n’est pas toujours facile.

La création d’un fonds spécial dans les hôpitaux pour les insolvables ne serait-elle pas un début de solution ?
Ce sera un peu difficile. Sur le plan pratique et opérationnel, on pourrait ne pas être optimal dans la réponse à apporter. Pour autant lorsque chaque formation sanitaire élabo...

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