Interview : « Le peuple libyen souverain pourrait faire la différence… »

Dr. Mariette Edimo Mboo, Enseignante permanente à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

Quelle appréciation faites-vous de la situation politique en Libye ?
La Libye post Mouammar Kadhafi s’est bipolarisée institutionnellement. En effet, dix ans après  la mort  de celui  qu’on appelait  le "Guide de la révolution", le pays est désormais divisé  entre  le gouvernement  de Tripoli  et les forces  du maréchal Haftar. Ce manque  de cohésion  dans la gestion de la gouvernance libyenne a pu entrainer un risque  de fragmentation  totale  du système  sécuritaire  de ce pays. Du coup, c’est un tableau sombre de la Libye qu’on serait tenté de peindre aujourd’hui au regard des maux qui le minent tels que? le manque d’institutions opérationnelles, les milices armées ainsi que la prolifération des armes dans cet environnement.

Cependant, ce désordre entamé  en 2014 entre le gouvernement  de Tripoli  reconnu  par l’ONU  et les soldats  du maréchal Haftar, maitre de l’est du pays, soutenu par une demi-douzaine d’Etats, mais d’une manière clandestine a à  un certain moment tendu à l’apaisement. Cet espoir a mis deux  ans, ceci se justifiant par le  niveau  de violence  en baisse, grâce à l’appel à un cessez le feu effectif et immédiat de la part des puissances étrangères impliquées.

Calme  apparent qu’on a pu  imputer  aussi bien  à la Russie  qu’à la Turquie en plus de la realpolitik qui s’y déploie  à travers  l’implication  des diplomates internationaux. Seulement, les faits relevés depuis le report des élections dans ce pays sont moins propices à un retour à la paix.  Sans omettre les enjeux d’ordre économique et géostratégique énormes justifiant la présence des puissances étrangères dans ce territoire. Il n’en demeure pas moins que le peuple libyen souverain pourrait faire la différence en s’appropriant par exemple la troisième théorie universelle devant permettre, selon le guide de la révolution, au peuple d’exercer effectivement son pouvoir.

En  décembre 2021, des élections générales  devaient avoir lieu, mais  elles n’ont pas pu se  tenir.
Un rempart contre la tyrannie, l’égalité des droits entre les citoyens, la rotation des gouvernants, l’élection ou le peuple est comme juge, la protection des libertés individuelles sont autant d’indices démocratiques pouvant favoriser la tenue d’une élection dans une démocratie. Cependant, des clivages partisans entre le Front patriotique, le club Omar al-MOUKHTAR et le parti du Congrès National constituant les organisations nationalistes en Cyrénaïque et celles des nationalistes en Tripolitaine sont les auteurs des divergences plombant le processus électoral dans une incertitude continue.

En effet, le manque de confiance réciproque dans l’action gouvernementale se traduisant par la méfiance  du parlement  vis-à-vis du premier ministre et du gouvernement. Un gouvernement de transition est donc appelé de tous ses vœux par l’ONU, puisque la tenue de ces élections  était une chance pour un retour à la paix dans ce pays. Les observateurs de la scène internationale pensent avec raison que, la transition libyenne doit être menée à son terme. C’est à mon sens l’une des conditions sine qua none à la tenue de ces élections mais aussi au retour à la paix.

En ce moment, le pays a deux  premiers ministres. Le blocage n’est-il pas consommé ?
Effectivement, Abdul Hamin Dbeibah qui est intérimaire est soutenu par l’ONU et Fathi Bachagha sont actuellement les deux hommes forts dirigeant la Libye, entrainant ce pays riche en pétrole dans un imbroglio institutionnel qui, n’en est pas à son premier fait en la matière. Dans l’optique d’unifier les institutions et conduire le pays à des élections présidentielles et législatives initialement prévues en décembre 2021, M. Dbeibah est désigné par l’ONU, ressuscitant de ce fait l’espoir d’une pacification appuyée par un accord de cessez-le-feu, signé entre Khalifa et les autres avec pour corolaire, le lancement d’un processus de paix parrainé par l’ONU.

Eu égard donc à l’éch...

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