Des risques perceptibles : une poudrière qui peut s’enflammer

La crise institutionnelle actuelle exaspère les populations qui ont manifesté dans les rues. L’armée, de son côté, est aux aguets.

Le bicéphalisme qui s’est installé, vendredi 11 février dernier, au sommet de l’exécutif en Libye est dangereux. Le pouvoir est exercé par deux Premiers-ministres. Fathi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur, désigné chef du gouvernement par le Parlement, en remplacement d’Abdelhamid Dbeibah, en poste depuis mars 2021. Ce dernier a énergiquement refusé de céder le fauteuil, déterminé à ne remettre le témoin qu’à un gouvernement issu des urnes. Abdelhamid Dbeibah avait été nommé au poste, aux termes d’un long et laborieux processus de mise en place de gouvernement d’Union nationale (Gun) en vue d’organiser la présidentielle, initialement prévue en décembre dernier. En nommant Fathi Bachagha, le Parlement estime que Dbeibah n’a pas rempli son cahier de charge : la tenue de la présidentielle et l’évacuation des troupes étrangères. Pire, lui-même était candidat à la présidentielle en décembre alors que les clauses le lui interdisaient.
Les deux Premiers-ministres sont basés à Tripoli, la capitale. Fathi Bachagha dispose de deux semaines, à partir de la date de sa nomination pour soumettre son équipe pour validation par le Parlement. D’aucuns interprètent cette crise institutionnelle comme un coup de force du camp de l’Est, incarné par le général Khalifa Haftar contre celui de Tripoli de Fayez al-Sarraj, une porte ouverte à une autre crise politique et une action militaire anarchique. D’ailleurs, la nomination du nouveau Premier-ministre a été saluée par l’Armée nationale libyenne du général Khalifa.
Des velléités de troubles sont perceptibles. La session parlementaire qui a désigné Fathi Bachagha comme chef de gouvernement a commencé par un vote en vue de la prolongation de 14 mois du mandat de la Chambre. Le précédent mandat avait expiré en décembre 2021. L’institution est considérée comme la chasse gardée de son président, Aguila Saleh, un cacique du pouvoir de l’Est. Des observateurs estiment que c'est lui qui a fait dérailler le processus électoral, en promulguant sans vote, dès septembre 2021 (trois mois avant la date présumée de la présidentielle), une loi électorale très contestée. La promotion de l’ancien ministre de l’Intérieur au poste...

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