Interview : « il faut une formation continue des enseignants »

Le palmarès de l’Obc vient de rendre ses performances publiques. Au cours d’une réu-nion tenue à l’office par le directeur le 9 mars dernier, il ressort que les matières scienti-fiques ont eu un faible rendement aux derniers examens. Qu’est ce qui peut expliquer ces performances ?
Les matières dites scientifiques sont vues comme celles qui apporteraient à l’Homme les capa-cités appropriées pour booster sa créativité dans la fabrication d’outils technologiques utiles pour la transformation de son espace et de son environnement et donc utiles à notre dévelop-pement industriel. Et pourtant, on constate qu’aux examens officiels, le taux de réussite en ces matières est bas. Et ceci est une préoccupation qui interpelle notre système éducatif. Pour les facteurs pouvant impacter le rendement, nous pouvons citer : la qualification des enseignants, leur considération sociale et leur aisance matérielle, les matériels d'apprentissage et les infras-tructures disponibles.

Pour la bonne gouvernance, citons également la bonne gestion des insti-tutions du système éducatif que sont les établissements scolaires, les administrations chargées du déploiement des ressources humaines et celles responsables de leur suivi professionnel. Les mauvaises performances ne peuvent être justifiées que par le mauvais fonctionnement de cer-tains de ces facteurs.

N’y a-t-il pas lieu d’interroger la formation des enseignants ? Sont-ils assez formés pour mieux outiller les élèves ?
Par le passé, la contre-performance dans l’enseignement des matières scientifiques était impu-tée à une faible proportion de lauréats de l’ENS officiant dans les salles de classe. Depuis, l’Etat a créé d’autres écoles normales, a fait former beaucoup d’enseignants en privilégiant les matières scientifiques et a largement inversé la proportion en faveur du nombre d’enseignants formés. Pourtant aujourd’hui, le malaise continue d’être décrié, et ceci justifie qu’on s’interroge sur la qualité de la formation à l’ENS, pourtant, elle est d’une excellente qualité. Que ce soit la formation académique qui est d’un excellent niveau universitaire ou la formation professionnelle qui s’adapte, en parlant pour l’ENS de Yaoundé, aux évolutions de notre temps.

Malheureusement, l’ENS ne délivre que la formation initiale. Pourtant, le décret n°88/1328 du 28 septembre 1988 portant organisation, régime des études et statut de l'Ecole Normale Supérieure, décret toujours en vigueur, assigne à l’ENS de Yaoundé la mission de formation continue des enseignants du Minesec. Cette formation continue est censée créer les conditions pour que l’enseignant, tout en exerçant sur le terrain, continue à développer ses ca-pacités professionnelles et sa pratique pédagogique en interaction avec ses pairs. Il doit s’habituer à se voir enseigner, et apprendre par l’action. Ce « learning by doing » lui permet-trait de capitaliser les acquis de l’expérience et de l’ancienneté.

Bien que l’ENS soit excellente dans la formation initiale des enseignants, elle n’est pas parvenue, toutes ces années, à être fonctionnelle pour son importante mission de formation continue des enseignants sur le terrain, principalement en raison du gigantisme de cette mission qui veut que les activités menées aient un impact significatif sur l’étendue du territoire national. Avec sa direction actuelle, l’ENS est à pied d’œuvre pour se donner les outils nécessaires et y pourvoir. Donc, je dirais qu’il faudrait orienter les efforts de manière à aider l’ENS à effectivement démarrer et faire fonctionner sa mission de formation de suivi professionnel des enseignants, car le niveau des formations ini-tiales nous semble largement satisfaisant.

Quels outils donnez-vous à ces enseignants pour intéresser les enfants davantage à ces matières scientifiques ?
L’ENS dispose d’un département de Sciences de l’éducation, censé assurer la formation pé-dag...