Interview : « La démocratie n’est pas menacée »

Karim Ben Becher, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Tunisie au Cameroun.

Le climat politique reste tendu en Tunisie. Mercredi dernier le chef de l’Etat a dissous l’Assemblée des Représentant du Peuple (ART). La semaine d’avant, des manifestations ont été organisées pour dénoncer les pleins pouvoirs que s’est arrogé du président de la République depuis plusieurs mois. Mais ce dernier reste de marbre. La démocratie n’est-il pas en péril dans votre pays ?
La décision du Chef de l’Etat de dissoudre le 30 mars l’ARP intervient après la tenue d’une réunion virtuelle illégale décidée par un groupe de parlementaires dont les activités sont gelées depuis le 25 juillet 2021. Cette décision de dissolution vise à affirmer le rôle du Chef de l’Etat comme garant de l’indépendance du pays, de sa continuité et symbole de son unité.
C’est face à des menaces susceptibles de porter atteinte à l’unité et à l’indépendance du pays que le président de la République a, conformément à l’article 72 de la Constitution, décidé de dissoudre le Parlement. La démocratie n’est pas menacée, car la classe politique au pouvoir avant le 25 juillet 2021 s’exprime, manifeste et communique. Elle est libre de ses mouvements.

D’aucuns prétendent que le président Kaïs Saïed utilise de vrais prétextes pour s’accrocher aux solutions douteuses. Autrement dit, au lieu de réformer les institutions, il en récupère les prérogatives. Qu’en dites-vous ?
Le président a été élu au suffrage universel avec une majorité de plus de 70% d’électeurs. Il bénéficie donc d’une majorité incontestable mais le système politique né de la Constitution 2014 a démontré ses limites. C’est dans cette optique qu’il a actionné le 25 juillet 2021 l’article 80 de la Constitution afin de contrer le péril imminent que représentaient désormais les partis politiques à l’ARP pour la souveraineté nationale. Cette initiative du Chef de l’Etat annonce un train de réformes concernant les institutions du pays et garantes d’un exercice véritable de la démocratie et du fonctionnement de l’Etat de droit comme l’administration de la justice notamment. L’objectif est de mettre en place des réformes susceptibles d’écarter l’influence des groupes de pression et des partis touchant les institutions publiques qui doivent être indépendantes et au service de l’intérêt général.

En septembre, le président de la République a fait inscrire dans la loi qu’il « gouverne par les décrets ». A quoi cela renvoie-t-il ? Est-ce un style particulier ? Une autocratie plus ou moins masquée?
Dans la situation de gel du Parlement qui, en deux ans, est devenue une source de division de la société et de violences, avec un rendement législatif médiocre, le président se doit de se doter d’un système de gouvernance lui permettant d’exercer, exceptionnellement, certaines prérogatives durant cette période de transition. C’est dans cet esprit que le décret présidentiel N° 117 du 22 septembre 2021 relatif aux mesures exceptionnelles a été pris. Le chef de l’Etat a annoncé en décembre 2021 un calendrier précis pour faire approuver les réformes par référendum le 25 juillet 2022, à la lumière des résultats de la consultation électronique qui s’est achev&...

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