Interview : « La réalité, c’est la course aux clients »

Serge Amougou Biwole, chef de Brigade propreté urbaine à la Communauté urbaine de Yaoundé.

Les marchés au Cameroun se distinguent de plus en plus par l’incivisme et un manque d’organisation. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
La plupart des commerçants s’installent en bordure de route pour obtenir le maximum de clients. Et même ceux qui exploitent les boutiques sont également à l’affût des mêmes clients. Ainsi, on a une partie des commerçants qui sortent des quartiers puis, trouvent toutes les boutiques occupées. Ils s’installent donc sur le trottoir. Et en complicité avec certains responsables des marchés, ils finissent par envahir la voie publique. C’est donc une question de clients.

Nous faisons aussi face au phénomène de boom démographique. Les marchés sont saturés. Il y a tellement de commerçants actuellement que l’offre en matière de boutiques et la demande ne sont plus équitables. Un phénomène qui a poussé la marie de la ville à mener une profonde réflexion. Après consultation des régisseurs, des percepteurs, des chefs de poste et des commerçants, nous avons engagé des descentes conjointes avec les adjoints aux maires des arrondissements, pour les sensibiliser et enregistrer les différentes doléances. 

Les initiatives des autorités pour mettre de l’ordre et moderniser ces espaces se heurtent généralement à la résistance des commerçants. Comment comprendre ce phénomène ?
Prenons le cas de l’Avenue Kennedy par exemple, le maire de la ville a décidé de créer un marché moderne capable d’accueillir tous les commerçants exerçant aux abords de la route. Malheureusement, la plupart d’entre eux refusent d’aller s’y installer malgré le passage de la Direction du bon ordre urbain et de la police municipale. Car, disent-ils, c’est plus facile de trouver des clients en bordure de route. Finalement, c’est l’habitude du client qui définit la réaction du commerçant. En réalité, c’est la course au client.  

Y a-t-il suffisamment de communication entre les parties pour faire comprendre aux vendeurs qu’on ne peut pas faire du commerce dans la rue et sur les trottoirs ?
Lorsque le maire de la ville a entrepris de construire Ongola Market, une commission a été mise sur pied. Et cette co...

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