« Il faut qu’on en plante davantage »

René Kaam, directeur régional du bureau INBAR pour l’Afrique centrale.

Comment se porte la filière bambou et rotin au Cameroun ?
La filière bambou et rotin au Cameroun se porte davantage bien. Ce pays a un fort potentiel pour ces deux espèces. On peut jauger la santé de la filière sur deux angles. D’abord le gouvernement camerounais est composé des hommes visionnaires qui ont compris le potentiel que représentent le bambou et le rotin depuis 2002, année où le pays a adhéré à l’organisation internationale pour le bambou et le rotin (Inbar). Et en 2013, il a signé un mémorandum d’entente avec Inbar pour pouvoir définir ensemble comment l’organisation pouvait accompagner le gouvernement dans le développement de ce secteur. En 2016, nous avons eu un atelier régional sur le potentiel du bambou pour la restauration des terres dégradées, la séquestration du carbone, la création d’emplois qui avait regroupé ici au Cameroun plus de 300 experts. Cela a pu inciter des différentes initiatives au Cameroun en termes de formation où nous avons pu former plus de 300 fonctionnaires. En 2018, nous avons eu la visite du S.E Paul Biya, président de la République au siège d’Inbar. J’ai eu le privilège de le recevoir et nous avons discuté sur comment est-ce que nous pouvons développer cette filière au Cameroun. Le bureau régional fait partie de ce produit que le président de la République a pu obtenir sur le plan diplomatique lors de cette visite. Aujourd’hui, le volet sensibilisation se passe bien. Les gens commencent à comprendre ce que cette ressource représente pour le développement du pays, mais aussi à changer la perception au bambou comme une plante envahissante. 

On observe justement un intérêt grandissant des populations et des opérateurs économiques pour cette filière. Quel est à ce jour sa contribution à l’économie ?
La statistique d’exportation du bambou au Cameroun n’est pas très claire parce que ce produit est encore catégorisé comme un produit de bois. Ce qui fait que c’est l’exportation du bois qui est quantifiée, et qui par ailleurs est le troisième contributeur de l’économie camerounaise. Nous savons que le bambou créé des moyens de subsistance pour plus 300 000 personnes au Cameroun. En 2018, nous avons pu voir que le bambou donnait annuellement près de 700 000 F aux exploitants. Aujourd’hui nous savons que ce revenu a significativement accru parce que sur les dix dernières années, nous avons eu à former les Camerounais et aujourd’hui, ils peuvent produire de meilleurs objets en bambou.  

On reconnaît plus le bambou et le rotin comme matières premières dans la production des meubles. Quels sont les autres secteurs où ces essences peuvent être utilisées ? Et pour quelles retombées ?
Aujourd’hui, nous avons deux types de transformation de bambou. La transformation de base tels que les meubles, la pulpe à papier (une technologie avancée), le textile, le revêtement du sol, le plafond, la construction des maisons en matériaux durables, les éoliennes, le charbon, etc. Il y a plus de 10 000 produits de bambou aujourd’hui qui sont documentés et qui peuvent être produits. Tout dépend du niveau de technologie que le pays a atteint. Au Cameroun, nous devons d’abord nous concentrer sur les produits de basse technologie, parce que pour la haute technologie il faut une certaine sécurité électrique qu’on n’a pas encore. Mais le potentiel au niveau de la basse technologie est aussi énorme tel que l’ameublement sur lequel nous nous sommes concentrés. Par exemple, au Nord du pays, nous travaillons sur l’énergie. Au-delà de cela, INBAR est en train de travailler avec le Minader et le PAPFAR pour pouvoir couvrir tous les maisons d’entreposage de riz avec des palettes en bambou. Il y a plusieurs autres initiatives que nous sommes en train de mettre sur pied et au fur et à mesure les résultats vont tomber et les gens pourront comprendre que le chef de l’Etat a eu raison lorsqu’il a décidé de faire du bambou et du rotin une priorité pour la valorisation. 

Quels sont les problèmes que rencontrent les acteurs sur le terrain ? 
Les problèmes que rencontrent les acteurs sur le terrain sont classiques lors de la phase de développement d’une filière. Il y a d’abord le problème de perception. Il faut faire comprendre aux consommateurs qu’un meuble en bambou vaut autant qu’un meuble en bois. Nous sommes en train de travailler là-dessus et on sait que pour que cette perception change, il faut que la qualité du produit en bambou soit aussi bonne que la qualité du produit en bois. Nous avons aussi le problème de la régénération de la ressource. C’est vrai que nous avons du bambou au Cameroun mais est-ce que nous pouvons développer une filière sur notre bambou naturel ? Non ! Il faut qu’on en plante davantage. Il y a aussi le probl&...

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