« L’Afrique a besoin de cette force »

Dr. Mariette Edimo Mboo, Enseignante Permanente à L’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric).

Depuis de nombreuses décennies, des appels ont été lancés pour la création  d’une Force africaine  en Attente. Cet appel a été  réitéré par le Secrétaire  général de l’ONU lors de sa récente tournée africaine. Que pensez-vous  de cet appel? 
Afrique, consciente du fait que le fléau des conflits constitue un obstacle majeur au développement socio-économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la Paix, la Sécurité et la Stabilité  comme conditions  préalable à la mise  en œuvre  de son agenda  pour le développement et l’intégration, s’est dotée d’une Force Africaine  en Attente (FAA). La FAA a été prévue dès la constitution de l’Union africaine en 2002, dont elle doit être le bras militaire. Cependant, son lancement a été repoussé à maintes reprises depuis 15 ans déjà. Deux sites, respectivement de 10 et 15 hectares  lui ont été attribués à Douala avec pour but de servir  d’entrepôts  pour du matériels militaire, tout en prévoyant un  accès  immédiat à l’équipement  et au  matériel requis  pour le  déploiement  rapide  lors des  opérations de soutien  à la paix de l’Union africaine. Partant de cette réalité, il est judicieux de dire qu’en réitérant l’appel à la mise en œuvre effective d’une Force Africaine en Attente, le Secrétaire General de l’ONU, (plus haut fonctionnaire  de cette organisation et donc chargé par  le conseil  de sécurité  des Nations Unies, organe  exécutif  de l’ONU ayant pour responsabilité  principale  le maintien de la paix et de la sécurité  internationale), est dans son rôle. 
L’Afrique a-t-elle tant besoin d’une Force en attente ?
Les pays africains, après leurs indépendances ont connu une période de reconstruction et de développement économique. En même temps,  les conflits  à l’intérieur  des Etats  et entre eux  ont persisté, notamment à travers plus d’une dizaine de conflits sur le continent. Or la prise en charge par l’Afrique elle-même de la résolution de ses propres conflits est primordiale, la paix constituant une condition préalable à la sécurité et au développement du continent. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Etats africains avaient décidé par la déclaration  du Caire  de juin 1993, de créer un instrument à l’échelle continentale à savoir? le mécanisme  pour  la prévention, la gestion et le règlement  des conflits,  créé par  l’organisation  de l’unité  africaine, la défunte OUA. Ce mécanisme avait pour objectif  de permettre  à l’OUA de se  doter  des moyens de réduire les crises  et les conflits qui demeurent nombreux sur le continent. Il visait également à éviter  que certaines situations  ne dégénèrent en conflits par le déploiement  de l’action  diplomatique et les négociations. Nous voyons donc que le mécanisme de l’OUA privilégiait  la prévention  des conflits qu’aux opérations de maintien  de la paix. Ainsi, et de fait, les africains ne disposaient pas de troupes  mieux préparées  aux opérations  de maintien de la paix. Des programmes  de formation  ont donc été organisés dans un cadre  bilatéral ou multilatéral par les puissances occidentale. Ils s’agissaient, entre autres, des programmes français (Recamp), américain (Acri) et des séminaires britanniques. Programmes visant à former  les contingents  africains au maintien  de la paix. Alors que la FAA  est une force de maintien de la paix africaine qui, comme son nom l’indique est en attente  d’intervention rapide dans un Etat membre en cas de circonstances graves, à savoir? les crimes de guerre, les génocides et les crimes contre l’humanité. Donc oui, nous pensons que l’Afrique a besoin  d’une Force  en Attente.
Qu’est-ce qui bloque la mise en ...

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