Première : « L’Accord », majuscule !

Le succès que connaît actuellement « L’Accord » de Franck Thierry Lea Malle témoigne d’au moins deux choses. Premièrement, qu’il y a un réel appétit du public camerounais pour les productions locales. Et deuxièmement, pour profane qu’il soit, le public est toujours sensible à la qualité. « L’Accord », histoire d’un viol autour duquel gravitent plusieurs intrigues et problématiques sociales, est une œuvre de qualité, à bien des égards, même si le film n’est pas exempt de faiblesses. Du point de vue technique d’abord, Lea Malle réussit une vraie master-class visuelle. Outre la composition des plans travaillée sur presque chaque séquence, les mouvements de caméra qui utilisent une panoplie variée et rythmée d’angles et d’effets, le réalisateur ajoute un réel savoir-faire dans sa maîtrise des couleurs et de la lumière. Ce qui confère une vraie plus-value au récit, notamment en raison du style de narration choisi. En effet, dans une time-line non linéaire où les séquences de flashbacks pourraient se confondre à certains actes du récit principal, la colométrie sert de vrai repère visuel. Elle renforce en outre le contraste entre les univers du film (quartiers riches et pauvres) et les ambiances narratives (scènes de joie ou de tristesse), tout en donnant plus de force à des moments-clés, comme la fameuse scène de viol, tournée en clair-obscur.
Le scénario de « L’Accord » fait l’effet d’une grande pelote de laine à démêler, avec le sentiment que l’auteur vous tend un fil à tirer sachant que ce n’est pas le bon. Ce côté mystérieux et jeu de tiroirs est bien servi par le choix de narration autour d’une date clé (les résultats du bac et jour du viol). Cette option ne manque pas de risque. Outre une erreur de script détectée dans cette « navigation temporelle », ce choix demande au spectateur une concentration plus accrue pour pouvoir situer à chaque fois les évènements dans le temps. Cette approche très intelligente permet de donner un background aux personnages centraux malgré la durée limitée du film. Mais surtout, ...