« L’urgence sécuritaire oblige le Burkina Faso à s’unir »
- Par Sainclair MEZING
- 13 juil. 2022 15:02
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Dr Simon Pierre Omgba Mbida, ministre plénipotentiaire et internationaliste.
Le processus de réconciliation initié au Burkina Faso par les autorités de transition met en vedette les anciens chefs d’Etat. Quelle peut être leur apport dans la résolution de la crise actuelle ?
Il me semble qu’il pourrait s’agir là d’une initiative du ministère en charge de la Réconciliation nationale au Burkina Faso qui a adopté une stratégie nationale de la réconciliation nationale 2022-2026 et son plan d’actions au mois de juin dernier compte tenu de la persistance et de l’aggravation des déchirures du tissu social résultant d’épisodes douloureux, de la dégradation continue de la cohésion sociale dans ce pays, mise à mal par des évolutions de natures diverses, sans oublier le nouveau contexte sécuritaire. Tout cela a engendré de nombreuses conséquences qui ont impacté négativement le vivre-ensemble dans ce pays. Ce processus de réconciliation nationale qui est dynamique requiert donc la participation de chaque citoyen, de toutes les institutions du pays et de tous les acteurs. Il faut savoir que les crises socio-politiques qui ont jalonné l’histoire du Burkina Faso ont au fil du temps, contribué à détériorer son tissu social. L’actualité politique, sociale et sécuritaire montre clairement que le Burkina Faso a mal à son vivre-ensemble. L’unité nationale et le sentiment d’appartenance au même pays, très souvent évoqués par les dirigeants de tout bord dans leurs discours, apparaissent plutôt comme un vœu pieux. L’histoire politique du Burkina Faso est jalonnée de remous sociaux, entrecoupés de coups d’Etat et de manifestations socio-politiques, qui ont engendré des pertes en vies humaines, des blessés et des destructions de biens. Les crimes emblématiques de sang tels que les affaires Thomas Sankara, Boukary Dabo et Norbert Zongo, n’ont pas tous connu de justice. Hormis l’affaire Thomas Sankara pour laquelle l’ancien président Blaise Compaoré a été condamné, à perpétuité, par contumace en avril dernier. Ainsi donc, pour parvenir à la réconciliation nationale, il convient donc de rassembler toutes les forces-vives de la nation pour réfléchir sur la trajectoire à baliser le retour de la paix et la réconciliation. L’intérêt supérieur de la nation doit donc primer sur les divergences idéologiques et politiques. C’est certainement pour cela que le lieutenant-colonel Damiba a fait appel à tous les anciens chefs d’Etats encore en vie.
Pensez-vous que cette initiative puisse porter des fruits dans un tel contexte ?
En effet, le retour au pays de Blaise Compaoré a suscité une vive polémique, car selon la presse locale le colonel Damiba sans consulter les magistrats burkinabés, sans consulter l’assemblée nationale ou encore les associations des droits de l’homme qui ont bataillé pour que le procès Sankara se tienne a pris sur lui de faire revenir au Burkina un ancien chef d’Etat très contesté et qui par sa seule présence semble narguer la justice de son pays. Alors pour montrer leur courroux au colonel président, certains Burkinabè ont organisé des manifestations spontanées, dont celle qui a empêché le président Roch Marc Christian Kaboré, déchu en janvier dernier, de participer à cette rencontre politique pourtant très utile. Car, le dialogue avec tous est très important dans un tel contexte. Il faut cependant reconnaitre, de mon point de vue, que l’urgence de la question sécuritaire oblige le Burkina Faso à s’unir pour y faire face. Cette unité est conditionnée par une réconciliation vraie et sincère dénuée de tout calcul politique. La réconciliation ne doit pas être perçue comme un moyen de promouvoir l’impunité des auteurs de crimes, comme l’a d’ailleurs si bien indiqué le lieutenant-colonel Damiba lui-même face à la presse, mais elle doit servir de socle à l’unité nationale. Le président de la transition s’est très bien rendu compte de la difficulté de la tâche et de sa marge de manœuvre très étroite pour réussir son pari de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale sans certains acteurs clés de la société burkinabé. Ce d’autant plus qu’il a la pression de son pays, de toute la région et il est acculé par certaines puissances internationales. Du coup, il a pensé à ratisser large en faisant appel aux anciens chefs d’Etat qui en principe conservent généralement ça et là des poches de sympathie dans le pays et qui pourraient l’aider à rassembler un maximum de personnes autour de sa politique au-delà de ce qu’il pourrait obtenir en discutant uniquement, simplement et directement avec l’ensemble de la classe politique locale. Nous ne sommes plus dans le cadre du droit classique, mais c’est plutôt la raison d’Etat qui prime associée à la politique politicienne pure qui se fait généralement sur le fil. C’est à dire carrément en marge du droit pour justifier une telle ...
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