« Quand j’expose à Venise, c’est le Cameroun que je mets en avant »

Angèle Etoundi Essamba, une photographe camerounaise qui écume les grands rendez-vous.

Vous êtes photographe. Mais vous êtes sans votre outil de travail dans cette 15e édition du Global Media Forum. Qu’êtes-vous venue faire à Bonn ?
Vous ne me voyez pas avec mon outil de travail, mais c’est bien en tant que photographe camerounaise que je participe à cette grande rencontre internationale. Les métiers de média sont des métiers d’artistes. Donc, je ne suis pas un cheveu dans la soupe au Global Média Forum. J’ai été invitée par les organisateurs pour faire partie du panel dont le thème de discussion est : « Creatives From Africa : To Stay Or To Go ? ». La question s’adresse aux artistes, certainement en référence à ceux qui évoluent loin de la mère-patrie, par contrainte ou par choix libre. Pour moi, rester ou partir, to go or to stay, c’est bonnet-blanc, blanc-bonnet. L’essentiel est de savoir ce qu’on peut continuer à faire en partant et comment contribuer au rayonnement du pays en restant. Je suis partie, mais je garde un pied sur le continent. 
Pourquoi avez-vous choisi de partir ?
Je suis un exemple des artistes qui sont partis depuis longtemps. Cela fait 50 ans que je vis en Europe. Je suis partie de mon Cameroun natal à neuf ans. Vous voyez que j’étais encore enfant. Mais tout mon art continue de s’inspirer de l’héritage africain. C’est fascinant d’être partie et de pouvoir encadrer les jeunes africains de la diaspora, en les orientant, en les recommandant, en les aidant à vendre leur art, etc. Dans notre panel, il y avait ceux qui sont restés et qui travaillent bien. Partir ou rester, les deux options sont valables à condition de faire un travail remarquable qui permette au continent d’être là où les autres continents sont représentés.    
Cinquante ans hors de votre pays et de votre continent, comment parvenez-vous à parler encore pour l’Afrique sans être déracinée ? 
A vrai dire, quand on est resté si longtemps, on est décalé d’une manière ou d’une autre, mais pour mon cas, je m’accroche. Je viens régulièrement me ressourcer au pays. Le fait d’être partie m’a permis d’être encore plus proche des miens. Etre éloigné permet encore mieux de prendre conscience de mes origines et de cherche...

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