« L’approvisionnement du marché camerounais est assuré par des importations »

Dr. Albert Leonard Dikoume, ancien directeur financier de la Sonara, expert en prix et fiscalité des produits pétroliers.

La Sonara a été victime en 2019 d’un incendie qui a imposé des changements dans le processus d’approvisionnement en produits pétroliers. Quel est le mécanisme implémenté depuis lors pour assurer la fourniture du marché camerounais ? 
Avant l’incident du 31 mai 2019, la Sonara achetait du pétrole brut sur le marché international, qu’elle transformait en produits pétroliers raffinés qui étaient ensuite mis sur le marché national, régional et international. La Sonara a l’obligation réglementaire de satisfaire au moins 80 % de la demande nationale. Les 20 % restant font l’objet d’un appel d’offres auquel la Sonara participe avec les autres Maketeurs. Lorsqu’elle est dans l’incapacité de satisfaire tout ou une partie de la demande nationale, elle en informe le ministère assurant sa tutelle technique, afin que des dispositions soient prises pour importer les quantités de produits nécessaires. Depuis quelques années et bien avant le sinistre, ces dispositions réglementaires n’étaient plus toujours respectées. Une partie du marché de la Sonara était régulièrement grignotée et attribuée à divers marketeurs pour importation de produits pétroliers raffinés. Depuis l’incendie du 31 mai 2019, l’aspect raffinage est arrêté. Le Cameroun est devenu un pays importateur de produits pétroliers raffinés comme l’a souhaité le FMI depuis plusieurs années. Pour ce faire, le ministère de l’Eau et Energie (Minee) qui assure la tutelle technique, choisit les traders devant livrer les produits pétroliers retenus, négocie la prime trader et les autres conditions d’achat, puis confie la matérialisation de l’importation à divers opérateurs de la chaine.
Cet incident a également induit l’élaboration d’un nouveau modèle économique permettant à l’entreprise de résister et financer sa restructuration. A quoi cela renvoie-t-il concrètement ? 
Au lendemain du sinistre du 31 mai 2019, afin d’éviter la fermeture de la Sonara pendant la période d’arrêt du raffinage, le chef de l’Etat a décidé ce qui suit : l’approvisionnement du marché camerounais par le canal des importations, dont 80% à réaliser par la Sonara. Dans les faits, il est rare que les 80 % du marché national soient effectivement réservés à la Sonara. Le Minee qui attribue les parts d’importation lui préfère souvent quelques petits marketeurs. La révision de la structure des prix en intégrant une « ligne soutien à la raffinerie de 47,88 F par litre » ; les sommes provenant de cette ligne sont centralisées par le Minfi dans un compte ouvert à la Banque centrale. Elles repartent de là pour apurer progressivement la dette validée et restructurée de la Sonara conformément aux stipulations des conventions signées. Elles prennent alors le caractère d’une subvention d’exploitation qui, à partir des résultats reportés à nouveau, permettra de redresser la situation nette négative jusque-là surabondante. La revalorisation de la « marge importateur » à 16 F par litre ; l’augmentation du poste frais financier de 1% à 2,8%, du prix du produit ; la signature d’une lettre de confort aux banques créancières de la Sonara, en attendant la restructuration de leurs dettes. Ainsi, le 15 octobre 2021, cette dette bancaire d’un montant de 261,4 milliards de F a été restructurée sur une pé...

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