Approvisionnement en produits pétroliers : une équation complexe

Depuis l’incendie de la Sonara en mai 2019, le gouvernement a mis en place un nouveau mécanisme de ravitaillement du marché camerounais.

Avant l’incident qui a ravagé une bonne partie de ses installations le 31 mai 2019, la Société nationale de raffinage (Sonara) importait du pétrole brut pour le raffiner et le mettre à la disposition du marché national, sous-régional et international. Il n’est pas superflu de rappeler que la configuration de cette raffinerie dès son installation ne lui permettait pas de transformer le pétrole brut camerounais qui est vendu en l’état sur le marché international. Le sinistre survenu en fin mai 2019 a occasionné l’arrêt des activités de raffinage de cette entreprise.  Le pays devait donc s’approvisionner à partir des importations des produits déjà raffinés. 
Pour garantir le ravitaillement du marché local en produits pétroliers, tenant compte du besoin de préserver autant que possible l’unique raffinerie ainsi sinistrée, le président de la République a prescrit, dès la fin de l’exercice 2019, la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions. La première a été l’attribution à la Sonara de 80% des parts d’importation des produits pétroliers, le reste (20%) étant réservé aux marqueteurs. Le chef de l’Etat a ensuite instruit le gouvernement de mettre en place un mécanisme d’approvisionnement du pays visant à assurer la disponibilité du produit à des coûts les plus compétitifs. L’objectif était de minimiser les coûts et les manque à gagner éventuels qui allaient continuer à exposer la trésorerie de l’Etat. Le gouvernement devait par ailleurs procéder à l’élaboration d’une nouvelle structure des prix des produits pétroliers intégrant une ligne appelée « Soutien à la raffinerie », dans l’optique d’assurer à la Sonara une marge minimale de 47,7 F/litre en vue de couvrir ses charges, tout en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’incidence sur le niveau actuel des prix à la pompe.   Les recettes générées par cette ligne ont fait l’objet de l’ouverture d’un Compte spécial dédié dans les livres de la direction nationale de la Beac et devant servir prioritairement au remboursement des dettes de la Sonara contractées auprès des partenaires et investisseurs financiers notamment les établissements de crédits locaux, ainsi que les fournisseurs de pétrole brut et des produits pétroliers finis (traders). 
C’est donc conformément à cette prescription présidentielle que le ministère de l’Eau et de l’Energie lance tous les trois mois un avis d’appel d’offres international en vue de sélectionner quatre traders pour fournir les produits pétroliers. L’opérationnalisation de ce nouveau mécanisme a permis à l’Etat de réaliser des économies budgétaires évaluées à environ 150 milliards de F au titre de la subvention des prix à la pompe d’après une sortie en mai 2020, du ministre de l’Eau et de l’Energie. Toutefois, selon le rapport de la Commission technique de réhabilitation sur la situation des entreprises et établissements publics en 2020, « cette économie ainsi réalisée se trouve absorbée par le manque à gagner (évalué à 92 milliards de F), induit par le poste « Soutien à la raffinerie » institué dans la nouvelle structure des prix ». 
Il faut dire que ce nouveau mécanisme a bien fonctionné jusqu’ici grâce à la tendance baissière des éléments du marché pétrolier en raison du ralentissement des activités dû à la pandémie du Covid-19. Mais dans ...

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