« Les interventions de l’Etat se font dans des proportions raisonnables »

Sylvester Moh Tangongho, directeur général du Trésor et de la coopération financière et monétaire.

Monsieur le Directeur général, l’Etat a, pour atténuer les effets de l’inflation sur les ménages pris un certain nombre de mesures, notamment l’abattement de certaines taxes. Comment le gouvernement compte-t-il amortir les ressources dépensées du fait de ces engagements ?
Avant toutes choses, permettez-moi de vous remercier, au nom du ministre des Finances, pour l’intérêt que vous portez aux finances publiques afin de mettre à la disposition des camerounais, les efforts que le gouvernement déploie continuellement pour soutenir les conditions de vie et maintenir le pouvoir d’achat des camerounais. Cette situation a engendré un manque à gagner assez important pour les finances publiques. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue la fonction des finances publiques qui est également celle de stabilisateur automatique, c’est-à-dire sa capacité à atténuer les conséquences sur l’activité économique des événements conjoncturels que nous vivons actuellement. Ce qui justifie que les principaux leviers soient constitués des mesures fiscales et l’accroissement des dépenses publiques au profit de l’économie. En effet, leur mise en œuvre ne relève pas d’une décision discrétionnaire. Plusieurs économistes soutiennent qu’en période de récession, les impôts doivent baisser et la hausse des dépenses sociales est inéluctable dans la mesure où ces dernières, agissant comme stabilisateurs automatiques, permettront de soutenir l’activité. Ainsi, lorsque l’économie reprendra sa phase d’expansion, les impôts progresseront avec le niveau d’activité économique qui en découlera grâce au boom de la consommation, voire de l’emploi alors que les dépenses sociales reculeront avec la baisse du chômage ou resteront stables tout simplement. S’agissant du cas spécifique de la lutte contre la vie chère, le gouvernement a anticipé depuis 2021 à travers la politique de l’import substitution. Ainsi, dans les deux derniers budgets, l’investissement dans les secteurs concernés s’élèvent 50 milliards de F et 40 milliards de F dans la loi de finances respectivement pour les exercices 2021 et 2022. On peut citer l’injection des ressources dans la production du riz, du poisson, du poulet et la production des farines locales en substitution du blé importé. Tout cet ensemble combiné permettra, bien entendu, de soutenir la reprise économique et d’honorer le service de la dette né des diverses mesures pour faire face à la vie chère.

Quels effets ces dépenses pourraient-elles avoir sur les objectifs prévus, vu qu’on a probablement différé la réalisation de certains projets ?
La situation économique actuelle, qui n’est pas le seul reflet de la situation conjoncturelle de l’exercice 2022, a eu un impact certain sur l’élaboration du budget d’investissement public depuis l’exercice 2021. Pour ce faire, Le gouvernement, dans sa stratégie de recherche d’un retour à la situation normale, a axé sa politique sur l’achèvement des projets structurants en cours d’exécution. Il faut donc dire que parallèlement cette situation a seulement contribué à retarder les projets qui n’avaient pas encore démarré. Toutefois, il est essentiel de noter que les dépenses engagées dans le cadre de la lutte contre la vie chère afin de maintenir le pouvoir d'achat des camerounais n’empêcheront pas le gouvernement de respecter les engagements du président de la République à travers la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030. Ce qui justifie que des mesures de rattrapage sont déjà prévues en attendant la stabilisation de la situation marquée au niveau international par la fin de la crise entre la Russie et l’Ukraine et au niveau national par la baisse des tensions inflationnistes.

Sur le long terme, ces dépenses sont-elles soutenables pour le trésor public ?
Pour ce qui est de la soutenabilité de ces mesures, le ministre des Finances y a déjà apporté une réponse à travers le cas du pétrole pour lequel la subvention qui était prévue à 120 milliards de F dans la loi de finances initiale pourrait dépasser les 780 milliards de F selon les p...

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