« Le thème du devoir de mémoire s’impose à nous »

Son Altesse royale Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell, chef du canton Bell.


Que nous enseigne l’histoire de Rudolf Douala Manga Bell ?
Le roi Douala Manga Bell et ses compagnons d’infortune ont été les victimes du système imposé par la puissance coloniale allemande, je veux parler de marchandisation de nos biens qui jusqu’à ce moment-là et depuis la nuit des temps, étaient gérés de façon collégiale et communautaire. Le Cameroun a basculé dans l’économie de marché où tout est privatisé et s’échange contre de l’argent. La terre n’est pas exclue de ce nouveau principe. La nouvelle économie nie la valeur sociale et communautaire de la terre. Elle en fait un objet de transaction et de spéculation, elle lui attribue une valeur marchande avec un prix au m². Le livre cadastral et le titre de propriété foncière sont entrés dans nos mœurs et ont modifié nos codes culturels. Ce sont ces documents qui nous gouvernent aujourd’hui. Il faut savoir que près de 80% des conflits juridiques de notre pays sont des conflits fonciers, allant jusqu’à créer des haines à l’intérieur d’une même famille, d’un même clan, d’une même communauté. Le village Bonanjo en a subi l’outrage ces derniers mois, allant jusqu’à des excès de langage fortement médiatisés à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières.

Que doit-on retenir du thème de cette 108e édition ?
Le thème du devoir de mémoire s’impose à nous en cette année 2022, au regard de cette actualité. Quelle leçon pouvons-nous tirer de ce passé colonial ? Beaucoup veulent qu’un Douala Manga réapparaisse. Est-ce la réponse ? Je m’interroge. Le combat de Douala Manga eût-il été victorieux, que le modèle foncier tel qu’il existe aujourd’hui chez nous ...

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