Interview: « les sanctions du gouvernement envers certaines ONG sont compréhensibles »

Pr Manassé Aboya Endong, enseignant de science politique, Université de Douala, directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique.

Comment appréciez-vous le déploiement des ONG nationales et internationales qui opèrent au Cameroun ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a une collaboration légale et une acceptation démocratique de la présence des ONG nationales et internationales par les autorités camerounaises. Aussi, le déploiement de leurs activités au Cameroun s’effectue-t-il librement et en conformité avec la volonté expresse des pouvoirs publics qui leur délivrent généralement toutes les autorisations et facilités nécessaires lorsqu’elles le désirent. Le Cameroun ne peut que s’arrimer à cette manière de faire ou d’être, si tant est que les ONG ont une personnalité juridique de droit interne, de même qu’elles sont reconnues dans la Charte des Nations unies de 1945. Ce qui leur confère une personnalité juridique internationale, conformément à l’article 71 qui indique clairement que « Le Conseil économique et social peut prendre toutes dispositions utiles pour consulter les organisations non gouvernementales qui s'occupent de questions relevant de sa compétence. Ces dispositions peuvent s'appliquer à des organisations internationales et, s'il y a lieu, à des organisations nationales après consultation du membre intéressé de l'Organisation ».

Le Cameroun étant un Etat démocratique, spécifiquement caractérisé par la promotion de la liberté associative, de même qu’un membre à part entière du système des Nations unies, il ne peut que faciliter le déploiement des activités des ONG nationales ou internationales qui opèrent sur son territoire.

Le gouvernement estime que certaines d'entre elles ne jouent pas toujours franc jeu dans les régions en crise. Les sanctions qui s’en suivent vous paraissent-elles justifiées ?
A la lecture des différents rapports successifs commis par certaines de ces ONG relativement aux régions en crise, ces sanctions sont compréhensibles et peuvent facilement s’expliquer par deux raisons principales. D’une part, la méthodologie mobilisée dans ces rapports est peu convaincante lorsqu’elle se fonde essentiellement sur des témoignages bâtis sur un échiquier de vecteurs humains contestables et suspects regroupés sans vérification de neutralité ou d’impartialité, précaution scientifique censée présider à l’élaboration des rapports aussi complexes. Car, si dans une telle démarche les prémisses sont fausses, il en sera de même des conclusions. Pire, cette méthodologie ne tient pas compte des aspects opérationnels sur le terrain, voire de modes opératoires des terroristes qui complexifient les moyens de riposte pour sécuriser les personnes et les biens.

D’autre part, ces ONG semblent manifestement avoir fait un serment de nuisance et de mauvaise foi contre le Cameroun, en s’efforçant de démontrer systématiquement ce qu’elles ne vivent pas sur le terrain. C’est précisément le cas lorsqu’elles traitent de manière étonnante une entité terroriste sur le même piédestal qu’une armée professionnelle et républicaine, acteur régalien d’une lutte légitime de défense de l’intégrité territoriale. Du coup, ces rapports demeurent très controversés et teintés d’acharnement à l’endroit des forces de défense et de sécurité.

Pour justifier leur refus de collaborer avec les autorités, certaines ONG invoquent le principe de neutralité qui régit leurs activités. Est-ce un argument valable ?
C’est un argument qui les caractérise fondamentalement et qu’il faut respecter, tant que le déroulement effectif de leurs activités le témoigne dans leur façon de faire. Toutefois, loin de considérer que les forces de défense et de sécurité ...

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