« L’attente a été grande au sein de la population »

Dr Ngartebaye Eugène-le-Yotha, juriste-politiste et enseignant-chercheur à l’Université de N’Djamena.

Le Dialogue national inclusif et souverain vient de se tenir à N’Djamena. Quelles leçons en tirez-vous ?
L’attente a été grande au sein de la population au regard de la tenue de ce dialogue parce que le contexte dans lequel celui-ci émerge fait croire à bon nombre de Tchadiens qu’il y aura quelque chose de nouveau, en ce sens que plus de trois décennies, il n’y a jamais eu de changement sur la question de la gestion politique. Si nous reprenons la trajectoire socio-historique de l’instabilité qui a caractérisé le Tchad, à partir de 1993 qui marque la refondation de la République au sortir de la Conférence nationale souveraine, les espoirs ont été grands. Malheureusement, les acquis de ladite conférence vont voler en éclats à partir de 2005 avec un aménagement constitutionnel qui permettait au détenteur du pouvoir, Idriss Deby, de revenir au pouvoir sans limitation. A partir de 2005, le Tchad a failli basculer dans les démons de l’instabilité politique avec les incursions répétitives de 2006 et 2008. Ces événements ont plutôt permis d’assurer une restauration autoritaire dans la mesure où, l’on a eu quatre révisions constitutionnelles qui n’ont pas été testées sur la réalité sociale pour donner plus de dynamisme et de souffle nécessaires. Le président Deby étant parti, le peuple tchadien espérait un nouveau changement. Mais, sur des contingences jusque-là inexpliquées, l’on a plutôt organisé la succession héréditaire. 

Pourquoi héréditaire…
Beaucoup de Tchadiens s’attendaient à ce que allait limite cette succession héréditaire. Parenté et politique dans le contexte tchadien ne s’observent pas seulement au sommet de l’Etat, mais aussi dans les dispositions des partis politiques. Le système partisan tchadien est paralysé parce qu’il y a parenté et politique. Vous créez un parti politique, s’il arrive que vous décédez, votre fils hérite. C’est de cette manière que l’on est en train de légaliser la succession héréditaire. Pensez-vous que ceux qui ont pris part à ce dialogue étaient des participants de qualité pour y être ? Je salue certes l’effort de ceux qui y étaient, mais personne ne peut escompter que les résolutions issues du dialogue sont pertinentes, mais rien ne va changer dans le quotidien du citoyen lambda. 

Une partie de l’opposition et de la rébellion a boycotté cette grande palabre, tandis que certaines organisations ont claqué la porte. Quelles peuvent être les conséquences sur l’avenir du pays ?
Parler, c’est s’écouter; s’écouter, c’est discuter. Je pense que les consultations ont été menées pour permettre à toutes les factions rebelles de revenir sur la table des discussions. Mais, il faut aussi signaler que la rébellion au Tchad constitue une logique d’accéder à la rente nationale et de revanche par rapport au parrain. Malheureusement, les conditions qui ont été posées aussi bien par les politico-militaires que par les partis politiques de l’intérieur n’ont pas été respectées. Les conclusions du dialogue donnent en partie raison &agr...

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