Envoyer les filles à l’école paie

L’éducation est un véritable levier d’émancipation pour la gent féminine. Des familles ayant fait ce choix ne le regrettent pas.

Mama Ngalouna Esther, 70 ans, habitante de la Rue des manguiers à Yaoundé peut enfin goûter à un repos mérité, s’offrir des vêtements et une alimentation de qualité. Il n’en a pas toujours été ainsi pour cette mère de huit enfants : huit filles ! « Issue d’une fratrie de 12 dont trois garçons, j’ai arrêté les études au primaire, malgré que j’étais brillante. Mon père étant très pauvre, il a sacrifié ses filles, privilégiant la scolarisation de ses fils. Mes sœurs aînées et moi avons été mariées précocement dans les 14 – 15 ans, pour que mon père puisse se servir de l’argent des dots afin de financer les études des garçons. C’est ainsi que j’ai été mariée à un vieux planteur de cacao : je ne vous parle pas de mes souffrances, n’ayant fait que des filles. Et malheureusement pour mon père, un seul de mes frères va réussir et devoir porter toute la famille sur ses épaules.  Je me suis alors jurée de ne jamais reproduire pareil schéma pour mes filles », rapporte la septuagénaire. 
Jetée à la rue avec « sa marmaille de filles inutiles », -dixit le père qui voulait absolument un héritier-, la mère s’installe dans un bidonville de la capitale avec pour seul objectif d’épargner à ses filles le drame de sa vie. Femme de ménage, vendeuse dans une épicerie, barmaid, colporteuse, cultivatrice, bayam salam : elle aura tout fait pour permettre à ses filles d’étudier.  « J’attirai leur attention chaque jour sur mes souffrances et mes sacrifices, les invitant à ne pas gaspiller mes investissements. Elles m’ont écoutée et chacune est autonome aujourd’hui avec un bon travail », assure la mère de famille. La fratrie compte deux enseignantes, une diplomate, une ingénieure des télécommunications, une greffière, une policière et une infirmière. Reconnaissantes, les filles de Maman Ngalouna veillent à colorer sa vie. Elles lui ont ainsi construit sa maison de la Rue des manguiers. « Elles m’ont même offert une voiture avec chauffeur pour mes petits déplacements. J’ai du personnel de maison pour s’occuper de moi. Je ne souffre plus », lâche la mère avec un sourire espiègle.
Chez les Abanda au quartier Emana à Yaoundé, l’histoire et le parcours sont différents. Le couple a bien des fils e...

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