Lutte contre le travail des enfants : l’école à l’épreuve de la mine

Malgré des progrès réalisés par ce combat dans les localités riveraines aux gisements d’or, beaucoup reste à faire pour endiguer la déscolarisation.

Au milieu du brouhaha des camions chargés de gravelas qui vont et viennent, traînant dans leur sillage des nuages de poussière, les enfants de l’Ecole publique de Kambélé II jouent dans l’insouciance, en cette matinée du 7 octobre 2022. Non loin de l’école, une mine d’exploitation d’or. Cette localité de l’arrondissement de Batouri, région de l’Est, est réputée pour ses gisements aurifères. Tout comme Longa-Mali, dans l’arrondissement de Bétaré-Oya, ou encore Colomine du côté de Ngoura. Si ces trois localités peuvent être considérées comme les plus célèbres et les plus courues par les exploitants, les sites d’exploitation artisanale ou semi-mécanisée essaiment dans la région. De quoi attirer l’attention des enfants dès le bas âge, au point de vider les salles de classe dans la journée. Les enfants, généralement accompagnés de leurs parents, désertent très souvent les cours pour aller dans les trous d’or ne sont jamais loin. « L’impact de l’exploitation minière est très néfaste sur la fréquentation et le maintien des élèves dans les écoles. Pour l’année scolaire 2021-2022, dans les villages où il y a des sites miniers, nous avons relevé 35% de taux d’absence ; un taux d’abandon de plus de 9% avec une marge pour les filles (10,97%). Au niveau des examens, sur 791 candidats présentés au CEP, nous avons eu 52 absents, dont 44 du fait de l’exploitation minière. Parmi ces 44, 23 provenaient du sous-centre de Colomine », analyse Bendeke Dieudonné, inspecteur d’arrondissement du Minedub de Ngoura. 
Certes, depuis les campagnes organisées ces derniers temps par les autorités publiques, il y a comme une prise de conscience. « Quand on va dans les trous, on va puiser de la terre. On la malaxe, puis on la met au soleil. Ensuite on va l’écraser, on la lave, puis on la pèse. Je n’y vais que durant le week-end, entre 10h et  15h. Par jour, je peux gagner 1 à 2 grammes d’or », affirme la jeune Divine A., 13 ans, élève au CM2 à l’école publique de Dem, dans l’arrondissement de Batouri. Son comparse, Achille M., 13 ans également, en classe de CE2 préfère désormais se contenter d’attendre les gravelas sur place, pour les concasser, sans pour autant se risquer à aller les  creuse lui-même. « Le travail des enfants reste un phénomène présent sur tous les sites (…) D’après les mineurs artisanaux, le nombre d’enfants augmente significativement pendant les vacances scolaires, ce qui indique que le travail des enfants n’empêche pas toujours leur scolarité. Pour auta...

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