Littérature : le nouveau coup d’Eugène Ebode

L’écrivain camerounais a récemment dévoilé son nouvel ouvrage « Habiller le ciel, Mama Africa » à Yaoundé.

Eugène Ebode signe un hommage à sa mère. « Habiller le ciel, Mama Africa » est une « autobiographie augmentée » comme le déclare lui-même l’auteur. Un genre littéraire « pas encore invent », qu’il se permet, en avant-gardiste de la plume, de dresser dans son nouveau roman. La dédicace organisée le 12 octobre dernier au Centre culturel camerounais à Yaoundé, a offert l’opportunité de pousser la réflexion sur cette littérature camerounaise, son essence, en somme, sa véritable identité. Pour relever cette dédicace, ou plutôt cette causerie littéraire avec pour axe majeur l’écriture, deux auteurs camerounais ont rejoint le panel : Pabé Mongo et Samie Akombi. Dans cet échange intellectuel élaboré par le Centre régional de promotion du livre en Afrique au Sud du Sahara (CREPLA) et modéré par le journaliste culturel Parfait Tabapsi, la question de la définition réelle de la littérature camerounaise a été décortiquée, afin de ressortir liens et barrières entre la littérature de langue anglaise et celle de langue française. 
Pour Pabé Mongo, la littérature camerounaise est un archipel. « Elle comprend les littératures d’expression anglaise et française, celle en langues maternelles, et celle issue de la diaspora », remarque-t-il, avant d’appeler à une nécessaire construction de ponts entre ces différents corpus de la littérature camerounaise. A leur grand regret, les panelistes ont constaté que ces littératures d’expression anglaise et française au Cameroun sont parallèles et ne se côtoient pas. Ce qui a amené Eugène Ebode à déclarer : « Ce qui m’intéresse en littérature, c’est de déchirer le diable de la division », comme pour prôner la réconciliation entre les diverses écritures. Des propos que son nouvel ouvrage encense. En plus d’être une ode à sa mère, ce livre est une promotion de la diversité de l’écriture, de l’être.
 

Vous êtes au Cameroun pour présenter votre nouvel ouvrage « Habiller le ciel : Mama Africa », un hommage à votre mère. Quelle est la symbolique de cet ouvrage ?
La symbolique est triple. D’abord, le ciel est très couvert actuellement. Pas par les intempéries, mais parce que notre environnement global a subi des modifications. La couche d’ozone, les changements atmosphériques, mais aussi maritimes… Le ciel est un peu l’horizon physique et spirituel des humains. Dans « Habiller le ciel », il y a l’idée que nous nous adressons à une entité invisible, qui se trouve dans un lieu déterminé, à savoir le ciel. Un certain nombre de prières, de requêtes, de demandes, pour intervenir. La troisième symbolique du ciel ici, c’est celle qui concerne les artistes, les créateurs, les limbes, c’est-à-dire ce territoire où l’imagination est reine. 

Pourquoi le ciel pour exprimer les idées principales mentionnées dans l’ouvrage ?
J’ai convoqué ces trois éléments pour situer un récit dans un lieu déterminé qui commence par le Cameroun et qui se poursuit vers d’autres territoires qui eux aussi ont leur ciel. Et le ciel peut être bleu ici, gris ailleurs, perturbé voire perturbant. Nous avons un ciel intérieur que nous promenons aussi : si nous sommes heureux ou joyeux, ce ciel-là est lumineux. A la sortie de mon adolescence, j’ai connu des cieux extrêmement perturbés. Je cherchais mon chemin, je m’interrogeais sur le sens des choses, j’avais mes passions, et puis surtout j’ai raté un examen qui a été pour moi une catastrophe et pour ma mère une malédiction. Et pour conjurer la malédiction, elle a souhaité que je m’accroupisse dans une église pour adresser une prière au Grand Créateur des choses et des êtres. Cette opération n’a pas été simple, car étant en situation d’échec sur le plan scolaire, mais aussi sur le plan artistique : je voulais jouer de la guitare et je n’y parvenais pas, j’ai monté une troupe de théâtre avec des amis qui ne rencontrait aucun succès. Il y a eu une période dans mon existence qui a été calamiteuse. Un événement a tout amplifié, c’est la mort de ma mère. 

Qu’est-ce qui a motivé cet hommage à votre mère ?
Quand vous perdez une maman, le monde s’effondre, le ciel vous tombe sur la tête comme dirait Chinua Achebe. Vous vivez une forme de foudroiement intérieur et extérieur qui peut vous carboniser. La sortie de ce tunnel douloureux peut s’offrir à vous à travers l’écriture. L’écriture est une échappatoire aux différents enfers qu’on a éprouvés par le hasard de l’existence ou la suite normale des choses. Comme humains, nous sommes appelés à disparaître. La disparition inscrite au cœur de l’expérience du vivant n’est pas toujours acceptée alors que nous savons que ça arrivera, et cela se produit comme un cataclysme et comme une surprise. Pour ma mère, cela a d’autant plus été une surprise qu’elle nous a quittés des suites d’un arrêt cardiaque. L’art nous donne cette exigence d’aller vers l’autre, se connaître et se reconnaître à travers les autres. J’espère que les gens se reconnaîtront à travers ma mère, et penseront à leurs propres parents, à leur propre singularité. Le genre est important. C’est une autobiographie augmentée. Il y a un c&oci...

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