Hongrie-RFA (1954) : la déception hongroise

Rinus Michels et son football total avec l’Ajax. Valeri Lobanovski et sa tactique scientifique avec le Dynamo Kiev. Pep Guardiola et son Barça qui privilégie la possession de balle. Quel est le point commun entre ces trois techniciens ? La Hongrie du coach Gusztáv Sebes. La réponse pourrait surprendre, pourtant les trois hommes n’ont jamais caché prendre exemple sur cette équipe qui manque le titre mondial de peu lors de la Coupe du monde 1954, battue par la République fédérale d’Allemagne en finale (2-3). Les Hongrois avaient pourtant laminé la même équipe en match de poule (8-3). C’est à ne rien comprendre. D’autant que la Hongrie a littéralement changé la face du football moderne au cours de cette compétition.
Après le bouillant tournoi au Brésil en 1950, c’est la douce et feutrée Suisse qui accueille la cinquième édition de la Coupe du monde, avec pour la première fois 16 équipes sur le départ. C’est aussi la première fois que l’évènement est retransmis à la télévision. Et ça restera le plus prolifique des Mondiaux de l’histoire, avec 140 buts inscrits en 26 matchs, soit une moyenne de 5,3 buts par rencontre. Jusqu’à présent, les équipes s’appuyaient sur les talents individuels. La Hongrie, qui reste sur 29 victoires consécutives avant le coup d’envoi du Mondial, va poser les bases du jeu collectif avec la notion de groupe qui éclipse totalement les individualités. Ferenc Puskás et Sandor Kocsis (auteur de 11 buts) restent des machines à marquer oui, mais en se mettant totalement au service du collectif.  Gusztáv Sebes vient avec dix attaquants et opte pour un 3-2-5 qui fait des ravages avec des scores fleuves de 9-0 (contre la Corée du Sud), 8-3 face à la RFA. Ou encore cette victoire en demi-finale 4-2 contre le tenant du titre uruguayen après avoir dominé le Brésil sur le même score. 
Personne ne s’attend donc...