Paul Biya : l’infatigable humaniste

Grâce à sa vision et à sa sagesse, le Cameroun a déjoué toutes les prédictions apocalyptiques.

C’était donc il y a quarante ans. Paul Biya, Premier ministre, succède, comme l’avait prévu la Constitution d’alors, au président de la République démissionnaire, Ahmadou Ahidjo. Jeune, instruit, formé à la morale chrétienne (catholique), il prend les rênes d’un pays qui a été dirigé d’une main de fer. A 49 ans, le nouveau président suscite espoir et fait rêver plus d’un. Il place sa gouvernance sous le signe du Renouveau national qu’il décline en quatre idéaux qui seront les lignes directrices de son action à la tête de l’Etat : rigueur, moralisation, libéralisation et démocratisation. Une nouvelle page de l’histoire du Cameroun s’ouvre.  Il opère une rupture dans la continuité. Le nouveau président fait appel aux technocrates pour asseoir une administration débarrassée des pratiques peu orthodoxes. La laïcité du pays a droit de cité. Chrétiens, musulmans, animistes ont droit aux mêmes égards. Les peurs instillées depuis la répression des « maquisards » s’estompent. Le Cameroun s’ouvre davantage au monde. Avec le vent de démocratisation qui a soufflé sur le continent africain en 1990, Paul Biya arrime son pays aux exigences de l’heure. Le multipartisme est réactivé à la faveur de la loi de décembre 1990 sur la liberté d’association.  Les lois d’exception sont abolies. La parole est libérée. La presse évolue dans un environnement plus libre. La censure préalable est abolie. Les conditions de création des organes de presse sont très allégées. Sur le plan politique, plusieurs partis politiques peuvent désormais « challenger » le parti au pouvoir. La compétition électorale est ouverte. Les jeunes et femmes sont progressivement associés à la gestion des affaires publiques.
Mais son magistère n’aura pas été un long fleuve tranquille. Moins de deux ans après son accession au pouvoir, il échappe à un complot et à une tentative de coup d’Etat. Quelques esprits nostalgiques tentent de reprendre d’une main ce qui lui a été donné de l’autre. Paul Biya maîtrise. En 1990, il vit les soubresauts des revendications politiques. Contrairement aux autres pays qui se sont laissés emporter par le « Vent de l’Est » en ouvrant les « boîtes à pandore » qu’étaient les « conférences nationales souveraines », l’homme du Renouveau lâche du lest mais tient ferme. Pour lui, le Cameroun doit suivre sa propre voie. Mais les leaders de l’opposition radicale ne décolèrent pas. Des opérations « Villes mortes » sont organisées pour réclamer la tenue de ce conclave.  « La conférence nationale est sans objet », lâche-t-il. En lieu et place, il propose une « Tripartite » qui scelle un nouveau contrat entre les acteurs politiques. Grâce à sa lucidité et sa sagesse, le Cameroun sort moins ébranlé de cette période de turbulences.
En 2006,  Cameroun est agressé sur sa frontière maritime par le Nigeria. Le géant voisin nourrit des velléités d’invasion sur cette zone réputée riche en ressources pétrolières et halieutiques. Mais en homme d’Etat viscéralement attaché à la paix, Paul Biya évite la confrontation entre les armées des deux pays. Il opte pour un règlement judiciaire et diplomatique. Avec l’appui de l’Onu, les deux pays parviennent à un dénouement heureux de l’affaire. Un modèle de règlement unanimement salué par la communauté internationale.  La déstabilisation de la Libye déverse sur la bande sahélo-sahélienne une horde de terroristes et d’opérateurs de la criminalité en quête de nouveaux espaces. Le Cameroun en constitue une victime collatérale. En 2014, il vit de plein fouet les attaques de la secte terroriste Boko Haram basée au Nigeria.

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