Interview : « L’évolution socioculturelle du Cameroun est appréciable »

Pr. Moïse Tchingankong Yanou, enseignant de science politique, université de Yaoundé II.

Professeur, au moment où l’on s’apprête à célébrer les 40 ans du Renouveau national, comment appréciez-vous l’évolution du Cameroun au plan socio-culturel au cours de ces quatre décennies ?
L’évolution socioculturelle du Cameroun est appréciable si on se situe effectivement à compter de 1982, date l’accession du président Paul Biya à la tête de l’État. Lorsqu’il prend les commandes, il hérite d’une société au sein de laquelle les manières de voir et de penser la communauté sont marquées par des conflits manifestes tant sur le plan social, qu’économique en raison certainement du contrôle autoritaire de la société par l’État. C’est une société traversée par d’importantes fractures tant entre les communautés ethniques, confessionnelles que linguistiques. Le développement économique quant à lui subit déjà plusieurs chocs mondiaux. Dès ce moment, l’option est faite pour les valeurs de solidarité, de liberté et de concurrence pour apaiser une société divisée et structurée autour de la recherche exagérée de la domination des uns sur les autres. Les effets en profondeur de ce choix politique s’observent remarquablement aujourd’hui. Les conflits, s’ils n’ont pas disparu, sont mieux canalisés et le tissu économique s'est transformé et diversifié montrant l'appropriation par les Camerounais des valeurs entrepreneuriales, ce qui fait du Cameroun quarante ans une société moderne et en perpétuelle modernisation.   
Que dites-vous au sujet de l’offre sanitaire du Cameroun aujourd’hui, notamment en matière d’accès aux soins de santé ?
L’accès aux soins c’est la possibilité plus ou moins grande avec laquelle les populations peuvent s’adresser aux services de santé lorsqu’elles ressentent le besoin. Dans ce sens, l’écart entre la couverture sanitaire en 1982 et aujourd’hui est remarque tant dans les centres urbains que dans les coins les plus reculés du pays. En plus, la qualité est au rendez-vous, les plateaux techniques que proposent certaines structures sanitaires. Cependant, qui dit qualité des soins, dit coût relativement élevé des soins. Lorsqu’on opère une symétrie avec le niveau de vie bas de la tranche la plus pléthorique de la population, c’est un fait incontestable. C’est aussi l’aspect à revoir, dans le sens de la baisse notamment.  
Le président Paul Biya, dans ses discours, considère les jeunes comme le fer de lance de la Nation. Dans les faits, en termes de gestion de la chose publique, d’employabilité et d’insertion socioprofessionnelle, peut-on réellement dire que les jeunes sont une priorité ?
La jeunesse est partie prenante du projet du président Paul Biya et bien au-delà des discours. Sans rentrer dans les débats de délimitation de la jeunesse, elle est de manière effective associée à la gestion de la chose publique. Des jeunes sont nommés aux postes de responsabilité, des jeunes accèdent aux postes électifs. Nul besoin de chercher à énumérer ou de présenter les ratios, car l’État n’est pas que constitué de jeunes par ailleurs. L’employabilité et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes évoluent au rythme des concours publics et du développement du secteur économique privé. Les premiers ne peuvent pas logiquement absorber toute la demande tout comme le second. Mais le courage de l’État à poursuivre dans les deux voies pour lutter contre le chômage montre bien son engagement à l’endroit de la jeunesse. Il convient d’ailleurs de préciser qu’une politique de l’emploi n’a pour destinataire prioritaire que la jeunesse et c’est ce qui est effectif au Cameroun  
Qu’est-ce qui peut encore être fait pour améliorer la participation de la femme à la gestion de la chose publique, ainsi que son autonomisation ?
La femme est une catégorie délicate. Des efforts remarquables sont faits, mais ils doivent être poursuivis notamment en ce qui concerne l’effectivité du droit à l’éducation de l’enfant de sexe féminin dans les coins reculés du pays, l’amélioration de l’accession aux formations d’auto emploi de la jeune fille ayant ou pas effectué des &eac...

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