Le XXe Congrès du Parti Communiste Chinois : défispour la Chine et enjeuxpour le monde et l’Afrique

Léon-Marie Nkolo Ndjodo, Université de Maroua, École normale supérieure, Département de philosophie.

Débutés le 16 octobre, les travaux du XXe Congrès National du Parti Communiste Chinois (PCC) se sont achevés le 22 octobre 2022 sous la présidence de son Secrétaire Général, le camarade XiJinping. En guise de rapport, Xi Jinping a prononcé un discours de clôture intitulé : « Porter Haut la Grande Bannière du Socialisme aux Caractéristiques Chinoises et Lutter dans l’Unité pour Bâtir Pays Socialiste Moderne à Tous Égards ». 
Ce discours donne le ton des nouvelles orientations impulséesau pays par le PCC non seulement pour les cinq prochaines années, mais également à l’horizon 2050. La Chine a récemment été l’objet de multiples pressions de la part des puissances occidentales intéressées à l’ériger, comme l’attestele nouveau Concept stratégique de l’Otan (2022), en « rival systémique » dont « les ambitions déclarées et les politiques coercitives défient nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs »,un « défi » pour la « sécurité future » de l’Occident. Dans sa nouvelle stratégie de défense, le ministère américain de la défense a estimé que la Chine « présente le défi le plus fondamental et le plus systémique pour les intérêts nationaux des États-Unis ».     
Situé à distance de ce bellicisme, Xi Jinping tenant fermement les rênes du PCC et de l’État a pourtant fixé le nouveau cap historique du pays : faire de la Chine un grand pays socialiste moderne économiquement, politiquement et culturellement développé d’ici 2050. Une telle ambition conduite sous la bannière du socialisme à visage chinois et guidée par les principes de souveraineté, de développement pacifique et de prospérité partagée sonne d’unerésonancesingulière pour de nombreuxpays du Sud soucieux, à l’instar de ceux d’Afrique, de renforcer leurs liens d’amitié et de solidarité avec la Chine et d’explorer en toute autonomie leur propre voie du développement adaptée à leurs conditions nationales.

Une décennie d’accomplissements pour le Parti Communiste Chinois
Ouverte en 2012 avec la tenue du XVIIIe Congrès National du Parti Communiste Chinois suivile 18 octobre 2017 par la tenue du XIXe Congrès National, la dernière décennie a été pour la Chine celle de progrès fulgurants. Le PCC est entré dans le socialisme aux caractéristiques chinoises de la nouvelle ère tout en poursuivant le projet d’édification d’une société de prospérité modérée dans tous les aspects. Il a inauguré une nouvelle étape dans la poursuite du « Rêve chinois » de « rajeunissement de la nation » après « le siècle de l’humiliation » entamée par les Guerres de l’Opium. 
On le comprend, la « nouvelle ère » se résume à la question décisive de la forme à prendre par le socialisme chinois en temps de prospérité. Pour répondre à cette sollicitation majeure, le PCCdésormais doté d’une direction davantage centralisée et d’une Constitution du Parti révisée a achevé l’édification d’une société de prospérité modérée à tous égards, approfondi la politique de réforme au sein du Parti, modernisé le système de gouvernance chinois, développé le système de démocratie populaire intégrale, assuré une victoire définitive contre l’extrême pauvreté, construit une culture socialiste saine et développée, sauvegardé la sécurité nationale et mis en pratique les principes d’une diplomatie aux caractéristiques chinoises. Confrontée dès 2020 à la pandémie de la Covid 19, la Chine a placé la vie des gens au-dessus de toute autre valeur grâce à une politique de « zéro Covid » qui a permis de limiter drastiquement les pertes en vies humaines sur le territoire chinois. 
Face aux problèmes subsistants dont quelques-uns sont le formalisme, le bureaucratisme, l’hédonisme, l’extravagance, la mentalité de la recherche des privilèges, la corruption au sein du Parti, le développement non coordonné, déséquilibré et inégal, le manque de confiance de certains dans le système politique du socialisme aux caractéristiques chinoises, le culte de l’argent, l’égocentrisme et le nihilisme historique, la pollution environnementale, les menaces d’atteinte à la politique d’un Pays, Deux Systèmes et le séparatisme à Taïwan, le Parti et l’État chinois ont répondu avec vigueur et efficacité. Guidé par la Pensée de Mao Zedong, la Théorie de Deng Xiaoping, la Théorie des Trois Représentations, la Perspective Scientifique sur le Développement, le PCC a établi la Pensée du Socialisme au Caractéristiques Chinoises de la Nouvelle Ère, modernisé la Chine en identifiant la nouvelle contradiction du pays entre le développement inégal et déséquilibré et les aspirations sans cesse croissante des gens à une meilleure vie. Il a liquidé totalement l’extrême pauvreté, mis la Chine sur la voie d’un développement de haute qualité en la hissant au rang de deuxième puissance commerciale mondiale (18% de l’économie mondiale), de première puissance céréalière, manufacturière et portuaire, de leader mondial dans le réseau des Trains à Grande Vitesse (TGV). 
En dix ans, la Chine a accédé au rang de nation innovante dans de nombreux domaines de la technologie, de la conservation de l’eau, de l’énergie, de l’information, de la technologie nucléaire. Sous l’impulsion du PCC, elle a maintenu une stratégie proactive d’ouverture économique basée sur la promotion du libre-échange avec des projets à vocation globale comme l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) devenue un bien public mondial avec la participation de plus de 140 pays. 
Elle a approfondi sa politique socialiste de démocratie consultative, de front uni patriotique et de développement de l’état de droit socialiste. En confortant le rôle directeur du marxisme dans le domaine idéologique, la Chine a mis en œuvre une politique de développement centrée sur l’homme en matière d’éducation, d’emploi, de services sanitaires, de prise en charge des personnes âgées, de logement, d’assistance sociale. L’espérance de vie des Chinois a atteint 78.2 ans. Des avancées importantes ont été enregistrées dans le développement vert, la modernisation de l’armée et les efforts de la Chine pour s’opposer sur la scène internationale à l’hégémonisme, à l’intimidation et aux politiques de puissance et des sphères d’influence. En dix ans, la Chine est passée de nation faible à acteur fort et respecté.

La nouvelle tâche centrale du Parti communiste chinois
Déployant d’ingénieux efforts dans l’adaptation du marxisme au contexte chinois et aux besoins du monde moderne, le PCC n’a accordé aucune limitation à l’innovation théorique,ni fixé de bornes à la pratique.Battant en brèche les discours sur le triomphe du « Consensus de Washington » et la victoire idéologique irréversible du libéralisme qui aurait définitivement fermé la porte à toute alternative au capitalisme, les communistes chinois ont réussi à ruiner l’illusion de l’incapacité prétendue du socialisme à conduire un projet de modernisation sociale et économique. Ils se sont même assignés une nouvelle mission : bâtir une grande Chine socialiste moderne dans tous les domaines. 
La société de prospérité modérée ayant été réalisée pour tous (2020), le nouvel objectif est de construire un grand pays socialiste hautement développé. Voici esquissées par Xi Jinping les contours de cette nouvelle mission : « À partir d’aujourd’hui, la tâche centrale du Parti Communiste Chinois sera de conduire le peuple chinois de tous les groupes ethniques dans un effort concerté de réaliser l’Objectif du Second Centenaire de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne à tous égards et de pousser en avant le rajeunissement de la nation chinoise sur tous les fronts à travers une voie chinoise de modernisation ».
Il faut dire que cette modernisation socialiste avancée à la chinoise comporte des spécificités : une immense population de plus de 1.4 milliards d’habitants ; la prospérité pour tous ;le progrès matériel couplé au progrès éthico-culturel ; l’harmonie entre l’homme et la nature ; le développement pacifique. Pour cette raison, elle empruntera une route en deux étapes majeures : réaliser essentiellement la modernisation socialiste de 2020 à 2035 ; faire de la Chine un grand pays moderne socialiste qui est prospère, puissant, démocratique, culturellement avancé, harmonieux et beau de 2035 à 2050. 
Dans la première étape (2020-2035), il s’agira de transformer la Chine en un pays socialiste développé de niveau intermédiaire à travers l’augmentation de la puissance économique, l’accroissement de l’innovation scientifique et technologique, l’adoption d’un nouveau schéma d’industrialisation, d’informatisation, d’urbanisation et de modernisation agricole, le renforcement du soft power national, l’édification d’une Chine belle et sûre. Dans la seconde étape (2035-2050), la Chine accédera au stade de grand pays socialiste moderne hautement développé à l’égal des États-Unis d’Amérique et bien loin de la plupart des pays développés d’Occident ; ce qui passera par des percées dans le domaine du développement économique basé sur la haute qualité, de nouvelles foulées dans la réforme et l’ouverturede même que la modernisation de la gouvernance en faveur d’une économie socialiste de marché, le renforcement de la démocratie populaire intégrale, le couplage de la croissance économique et de l’augmentation des revenus des citoyens, l’amélioration de l’environnement de vie dans les villes et les campagnes, la consolidation de la sécurité nationale à travers une armée puissante de taille mondiale mise au service d’une Chine pacifique.
En clair, au milieu du XXIe siècle, date du centenaire de la fondation de la République Populaire de Chine par le Chairman Mao Zedong, la Chine deviendra la nation la plus développée et la plus puissant...

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