Paul Biya, le métronome

Déterminé, en confiance, ferme, pédagogue, maîtrisant les dossiers, ainsi est apparu le président de la République lors de son traditionnel message à la nation. Un rendez-vous crucial, moment privilégié de retrouvailles, d’autant plus important que le pays bruisse de rumeurs insanes, et que le peuple est confronté aux conséquences particulièrement rudes de chocs économiques exogènes.
On peut comprendre alors pourquoi la teneur de ce discours a plongé certains dans la joie, et d’autres dans la sidération et la confusion. Les premiers, ceux qui croient au Cameroun et assument leurs devoirs quotidiens malgré les difficultés, qui ne sont pas propres à notre pays, ont été confortés dans leur sérénité. Mais oui, le président de la République tient fermement la barre, en dépit de la conjoncture mondiale. Il garde le même cap, amener le Cameroun à son émergence, mais il impulse une réorientation stratégique, comme le capitaine contournant un dangereux récif, afin de prendre en compte, à la fois les crises internes, le tarissement envisageable du flux des hydrocarbures, et les conséquences des désordres mondiaux sur notre économie. 
Les seconds, ceux qui font le choix du dénigrement systématique de l’action gouvernementale à des fins politiciennes, et ceux qui, pour se mettre en lumière, content des « bobards » dans les réseaux sociaux, en ont eu pour leur compte. Car qu’a-t-on constaté ce 31 décembre à 20h ? Le président parle, et la rue, curieuse et attentive, retient son souffle ! Le président parle, affichant sa bonne forme physique, et les conteurs de boniments s’enrhument ! 
Au-delà de l’aspect ludique des choses, ce  message présidentiel apparaît particulièrement dense et informatif, ce qui ne tient pas seulement à sa longueur exceptionnelle. Il revisite en même temps, le bilan de l’année écoulée, la résilience économique et ses ressorts profonds ; l’action de l’Etat pour soutenir l’économie et les ménages les plus pauvres ; les projets d’infrastructures et leurs évolutions ; les nouvelles orientations économiques ; les premiers projets majeurs de l’après-pétrole ; les dérives comportementales et le sort réservé à leurs auteurs… Jamais discours n’aura été aussi détaillé et aussi illustré, à vrai dire ! Dans cette énumération minutieuse de projets et d’actions, ponctuée d’explications, apparaissent comme en filigrane les qualités d’homme d’Etat du premier Camerounais. Sans être entièrement nouvelles aux yeux de ses compatriotes, ni exhaustives, elles dessinent néanmoins les grands traits de l’homme et de son œuvre. On peut ainsi distinguer : le métronome ou le régulateur, le stratège et le bâtisseur.
Paul Biya, le métronome
En musique, le métronome est l’instrument qui donne le tempo, la mesure du rythme. Il commande la régularité des temps et précise leur vitesse d’exécution. Certains, prenant pour argument les silences, la réserve du président, et ce qui peut apparaître à tort comme un laisser-faire, prétendent que le Cameroun n’est pas gouverné. C’est une grossière erreur. Et ce message à la nation en est le parfait contre-pied. Qui peut croire, à regarder et entendre Paul Biya, qu’il serait gagné par la léthargie, ou pire l’indifférence ? C’est bien lui qui définit le cap, qui réajuste au besoin, qui évalue les acteurs, et qui redresse les erreurs de parcours, Comme il le laisse clairement entendre, il est aussi celui qui recadre les égarés et les déviants. Les délinquants urbains et des réseaux sociaux et autres adeptes de la corruption sont nommément cités. Ils sont dans le viseur du métronome, parce qu’ils sont sortis du rythme d’ensemble.   
Paul Biya, le stratège
Les journalistes, toujours avides de coups d’éclats, mais peu disposés à entreprendre de véritables investigations afin d’étayer leurs propos, déclarent sur les plateaux télé à qui veut l’entendre que le Cameroun n’a plus de grands projets susceptibles d’être accompagnés par des investisseurs. Certains s’interrogeaient d’ailleurs au lendemain du second Sommet Afrique/Etats-Unis : comment allons-nous attirer les financements, puisque nous n’avons plus de projets ? Une affirmation hâtive dans la mesure où le choix gouvernemental de retenir dans le budget les seuls projets déjà en exécution relève de la prudence et ne signifie pas, dans l’absolu, que le Cameroun n’en ait pas d’autres…Or, précisément, le président de la République annonce le démarrage imminent de trois projets d’envergure, liés à l’exploitation des ressources minières.
Les Camerounais redécouvrent ainsi la stratégie présidentielle dans ce domaine : ne pas brûler toutes les cartouches en même temps, et garder inexploitées certaines richesses du sous-sol. Puis préparer tranquillement une transition douce de la manne pétrolière à la manne minière. Dans ce registre, l’on peut aussi citer la politique d’import-substitution largement pourvue dans le budget en cours de démarrage. Elle doit préparer les acteurs nationaux à prendre le relais de la fourniture de certains produits de grande consommation au marché national, en accélérant la transformation locale à grande échelle des matières premières. Comment présumer que de telles mesures relèvent du hasard ? Il s’agit évidemment d’une stratégie pensée, travaillée, planifiée, avant d’être mise aujourd’hui en œuvre. 
Paul Biya, le bâtisseur
Le chef de l’Etat annonce la tenue prochaine des élections sénatoriales qui vont contribuer à renforcer la décentralisation. Ce nouveau scrutin consolidera l’édifice démocratique qu’il a patiemment élevé. La construction économique est également en œuvre, souvent ralentie par des crises et complexifiée par les é...

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