Bâtir un nouveau partenariat

La nouvelle vision des relations franco-africaines exposée par le président français le 27 février dernier se veut une rupture avec l’ordre ancien. Mais en dehors de quelques détails déclinés dans ce discours, l’on peut dire que le chef de l’Etat français n’a fait que réchauffer son propos tenu à Ouagadougou en novembre 2017 lorsqu’il annonçait, devant 800 étudiants de l’Université Joseph Ki-Zerbo, qu’il n’y a plus de « politique africaine de la France ». Mais plus de cinq ans ans après, l’on assiste, non pas à la fin de la « Françafrique », mais à une montée vertigineuse du « sentiment anti-français » dans certains pays de ce qui était, il n’y a pas encore longtemps, considéré comme le pré-carré français en Afrique. En réalité, de Sarkozy à Macron, la mort maintes fois annoncée de la « Françafrique » est devenue une véritable arlésienne. Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron à l’Elysée avaient également affiché la volonté de rupture avec cette relation qualifiée de néocoloniale entre la France et d'anciennes colonies en Afrique subsaharienne. Mais à l’épreuve du pouvoir, ils ont été rattrapés par les réalités. L’on se plaît à dire que la « Françafrique » est pour ainsi dire comme une ombre humaine. Plus tu t’en approches, elle te fuit et plus tu la fuis, elle te suit. Seules, l’émergence d’une nouvelle génération d’Africains à la conscience de plus en plus éveillée et décidée à obtenir un partenariat d’égal à égal, dans la forme comme dans le fond, et l’arrivée sur le continent de nouveaux partenaires, sont aujourd’hui comme les vraies menaces à cette « diplomatie de l’ombre » entre la France et les pays d’Afrique francophone. En réalité, la France n’a plus d’autre choix que de s’adapter à la nouvelle donne sur le terrain.  Car même s’il existait une volonté de faire perdurer la mainmise de l’ancienne puissance coloniale, la réalité est que la France n’en a plus les moyens et les Africains, encore moins, l’envie. Depuis des décennies, le fossé n’a cessé de se creuser entre la France et ses anciennes colonies. Paris n’est plus la grande puissance incontestée dans les relations des pays africains francophones. La Chine l’a supplantée depuis belle lurette comme premier partenaire commercial dans le continent noir et Pékin est désormais un partenaire commercial plus important pour les États africains. Mieux, l’on assiste à une percée de la Russie en Afrique. Des pays comme la République centrafricaine, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali ont tissé des liens plus étroits avec Moscou en matière de sécurité. Le célèbre groupe paramilitaire russe Wagner apparaît comme un partenaire de sécurité majeur pour ces États. 
Emmanuel Macron qui semble bien imprégné de ces réalités du terrain voudrait in...

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