Développement local : une bibliothèque en incubateur social

Au quartier Oyack dans l’arrondissement de Douala III, un espace attire en moyenne 300 visiteurs par mois. C’est la bibliothèque Anlu, la seule de ce quartier défavorisé. Mais plus qu’une bibliothèque, c’est un projet social d’éducation à la citoyenneté. En effet, l’idée naît à la suite d’un sondage réalisé auprès de 200 personnes âgées de 18 à 40 ans dans cinq zones de la commune de Douala III par l’association Initiative de changement de perspective (Icp), à la faveur de la présidentielle de 2018. Cette enquête d’opinion a non seulement permis d’identifier plusieurs besoins liés à l’accès aux infrastructures sociales de base, mais aussi de ressortir le faible intérêt des jeunes à participer aux différentes élections locales. 
« Nous nous sommes rendu compte de la nécessité de la création d’un ou plusieurs espaces de réflexion et d’initiation à la vie sociopolitique dans les quartiers, pour initier et impliquer les populations dans les échanges sur des sujets qui les concernent. Nous voulions aussi les initier à la quête d’une solidarité d’opinion dans les quartiers de la commune, afin qu’ensemble nous puissions participer à la recherche des solutions durables pour améliorer notre quotidien. C’est donc ainsi qu’est née notre bibliothèque comme instrument pour l’éducation », explique Hilaire Djoko, artiste de rap engagé (connu sous l’alias Hobskur) et co-initiateur du projet.
Anlu a plusieurs particularités. La première réside dans les conditions de souscription. En effet, pas besoin d’un abonnement pour avoir accès à la ressource documentaire de la bibliothèque, composée à 99% de littérature africaine, fiction ou non. Un choix en rapport avec le positionnement de l’endroit, un espace pour la promotion de l’héritage culturel et intellectuel des pensées et perspectives africaines. Le fonds documentaire dispose même d...