Zones inconstructibles : un homme averti…

Une fois encore, le voile de la mort enveloppe le Cameroun. Cette fois, c’est du côté de la capitale politique, Yaoundé, que l’ange de la mort a sévi. Le bilan officiel fait état de 28 morts enregistrés, trois personnes portées disparues, 17 blessés et 57 familles touchées pour le drame de Mbankolo. Depuis ce malheureux évènement, le Cameroun porte le deuil. Le président de la République a adressé un message de condoléances aux familles endeuillées ainsi que des mots de réconfort aux nombreux blessés. Le lieu-dit Nkol Etam lac, dans le village Oliga-Mbankolo, dans l’arrondissement de Yaoundé II, est ainsi sorti de l’anonymat. Personnalités du monde politique de tous bords, membres du gouvernement, autorités administratives et municipales et de nombreux curieux ont été aperçus sur ce site, devenu tristement célèbre, pour essayer de comprendre ce qui a arraché autant de Camerounais à l’affection des leurs. Sur le lieu du sinistre, des jours après, l’ombre de la mort plane. Les larmes des parents ont de la peine à sécher, le trou béant de la mort affiche son hideux visage au pied d’une habitation dont les jours sont comptés. Ce drame de trop, rappelons-le, survient alors que les larmes des populations de Ngwache à Bafoussam,  Buea, Limbe, Ndogbong, Nyalla Pariso, Nkolbong (Douala), Ngaoundéré, Nsimeyong à Yaoundé ont à peine séché. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des glissements de terrain engloutissent toujours des populations impuissantes. 
Au-delà de la consternation mêlée à de la sidération, s’impose à la conscience collective la question de savoir si ces morts peuvent être évitées. La réponse ne coule pas de source. Poser même une telle question peut s’assimiler à de l’outrance. Il reste que, face à l’ampleur des pertes humaines et matérielles, la polémique enfle. Dans l’opinion, certains ont tôt fait de classer ces accidents dans le registre des catastrophes naturelles. Leur survenance est, de ce point de vue, imprévisible. Une autre opinion,  et elle tend à être la plus répandue, soutient que le Cameroun peut faire l’économie des ces morts à répétitions. Les éboulements de terrain, à l’instar de celui de Mbankolo, surviennent la plupart du temps du fait de l’action de l’homme. Très souvent, les zones impactées par ces éboulements de terrain à travers le triangle national sont impropres à toute construction. Les spécialistes parlent de zones inconstructibles.
Mais pourquoi, les populations s’y retrouvent ? Les pouvoirs publics invoquent la tolérance administrative. Les populations excipent la précarité. En effet au Cameroun, la pression foncière est telle que les bonnes parcelles ne sont pas à la portée du citoyen lambda. Nombre de citoyens vous diront en effet que trouver une maison à Yaoundé ou à Douala, n’est pas à la portée du premier venu. Alors pour avoir son chez soi en ville, on se débrouille. Sauf qu’avec cette option, aucune norme n’est respectée. Normal donc qu’a près de fortes précipitations suivies d’une montée des eaux, on fasse désormais corps avec les inondations ou les éboulements. On vit la même chose à chaque saison des pluies. On a toujours droit à la même rengaine. Les populations, de plus en plus aidées par les opportunités de l’espace virtuel, pointent régulièrement un doigt accusateur sur les autorités administratives et municipales et parfois sur le gouvernement. Le gouvernement, de son côté, se plaint de l’incivisme des populations et du refus manifeste de respecter la procédure. Titre foncier, permis de bâtir, permis d’implanter, études géotechniques lorsqu’on veut construire un immeuble sont des expressions très peu usitées par les Camerounais. Ces préalables sont pourtant le gage de la sécurité de tous. A Yaoundé comme à Douala, les maires de ville ont même facilité la procédure d’obtention du permis de bâtir. Récemment, c’est le Premier ministre en personne quui est monté au créneau pour instruire les maires de villes et les gouverneurs de région de recenser et de démolir les bâtiments menaçant ruine. A la suite de cette directive, le gouverneur du Littoral appuyant un ordre de démolition du maire de la ville Douala visant un immeuble à Bonapriso, arrondissement de Douala 1er, a subi comme d’habitude un lynchage médiatique. ...

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