Joseph Owona : le maître quitte la scène

Le brillant universitaire, ancien ministre et membre du Conseil constitutionnel décède à 79 ans, en laissant une immense œuvre.

C’est une tête bien faite qui a définitivement rangé sa toge samedi dernier à Bordeaux en France des suites de maladie. Sous quelque casquette qu’on l’aura connu, Joseph Owona n’a pas laissé indifférent. D’abord avec un parcours académique qui avait de quoi faire des envieux. Lui qui a fait ses débuts sur les bancs à l’Ecole principale de Mbalmayo en 1957, se sera toujours hissé parmi les meilleurs. En 1968, il obtient le 1er prix en licence de droit public à l’université de Yaoundé, après un parcours tout aussi remarquable au Collège François-Xavier Vogt d’où il sort nanti d’un baccalauréat ès sciences expérimentales en 1965. Le fils de Mvengue, dans le département de l’Océan, où il a vu le jour le 23 janvier 1945, n’a pas fini de surprendre. En 1977, alors qu’il n’a que 32 ans, Joseph Owona devient le premier Camerounais, agrégé de droit public et de sciences politiques.
Son parcours d’enseignant aura été tout aussi brillant. C’est à l’université de Paris 1 que Joseph Owona commence à distiller sa science. Il rejoint ensuite le Cameroun où il devient chargé de cours à l’université de Yaoundé en 1972. L’année d’après, le jeune enseignant est nommé chef de département de droit public à la Faculté de droit et de sciences économiques de l’unique université camerounaise de l’époque. Ils sont ainsi très nombreux à passer dans son moule. Certains de ceux-ci lui ont rendu un hommage vivant dans un ouvrage de 800 pages intitulé « L’exception en droit. Mélanges en l’honneur de Joseph Owona », présenté officiellement en juillet 2021 sous la direction des Pr. Magloire Ondoa et Patrick Abane Engolo.
En 1976, Joseph Owona se voit confier la direction de l’Institut des Relations internationales du Cameroun (Iric), avec pour principale tâche, la formation de l’élite diplomatique du Cameroun. Sept ans plus tard, il devient chancelier de l’université de Yaoundé, et ce jusqu’en 1985. Fort de son expérience, il est sollicité par de nombreuses universités étrangères, à l’instar de l’université de Bordeaux en France où il est professeur visiteur de 1981 à 1982, l’université Marien Ngouabi de Brazzaville et l’Institut d’Afrique de l’Académie des sciences de Moscou.
Au-delà de ses enseignements, ce spécialiste de droit public, de droit constitutionnel, de droit international, de droit administratif était aussi un auteur prolifique dans ces domaines. A son actif, 16 ouvrages. Au rang de ceux-ci, l’on peut citer « Droit administratif spécial de la République du Cameroun » publié en 1986 ; « La décentralisation camerounaise », publié en 2011 ; « Droit constitutionnel et régimes politiques africains » en 1985 ; « Encyclopédie de la République unie du Cameroun » (4 tomes) publié en 1981 avec le Pr Ebénézer Njoh Mouelle ; « Droit de la fonction publique camerounaise » publié en 2011 ou encore « Le contentieux administratif de la République du Ca...

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