Interview : « Le Cameroun est un très bel exemple en matière de promotion de la culture »

Le ministre des Arts et de la Culture, Bidoung Mkpatt, explique.


Monsieur le ministre, avec l’adoption du Cadre de l’Unesco sur l’éducation culturelle et artistique, vous venez de vivre l’aboutissement d’un processus commencé en 2006. Le chemin aura été long. Êtes-vous satisfait de cette fin heureuse et des engagements pris à Abu Dhabi ?
Cette première Conférence mondiale sur l’éducation culturelle et artistique aura été l’occasion pour la communauté internationale de mettre en relief l’importance de la culture pour la construction et la consolidation de la paix. Elle allait du reste en droite ligne de l’acte constitutif de l’Unesco qui stipule que « Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». C’est pourquoi ce long processus a abouti à ce que les États-parties s’engagent à donner une plus grande place à l'éducation culturelle et artistique dans la formation des enseignants, de mieux valoriser le patrimoine et les cultures locales et autochtones, ou encore de davantage valoriser les compétences artistiques et culturelles au sein du monde professionnel. Je me félicite surtout de ce que cette option avait déjà été énoncée par le président de la République qui, dans son ouvrage « Pour le libéralisme communautaire », présente la culture comme élément essentiel du vivre ensemble harmonieux et de cohésion tant sur le plan national qu’à l’échelle internationale. Il dit précisément que « ce souci de dialogue et de complémentarité doit commencer a? l’intérieur du Cameroun, pour déboucher fructueusement sur la scène de la coopération culturelle internationale ». Il est évident, comme la Conférence l’a démontré que la culture est indispensable pour résoudre, ou tout au moins, sensibiliser les populations aux enjeux auxquels notre monde fait face.

 

Qu'est-ce que ce nouveau Cadre implique pour notre pays ?
Pour le Cameroun, il était prioritairement question de mettre en œuvre l’engagement et la détermination du chef de l’État, à faire de la culture « le ciment de l’Unité nationale ». La Conférence a montré les axes nécessaires qu’il faut privilégier : l’autonomie, la transmission, la préservation, la lutte contre toute forme d’exclusion. Le plan de mise en œuvre arrêté qui porte sur trois segments importants (un programme de financement qui soutient les meilleures pratiques culturelles et éducatives ; le développement d’une approche holistique, transformatrice, en mesure d’impacter les sociétés ; la priorité à l’Afrique sur tout ce qui concerne l’éducation et la culture. De ce point de vue, les jeunes impliqués dans les secteurs culturels vont donc avoir de réelles opportunités pour mieux développer leurs initiatives dans le cadre de la structuration actuellement en cours au Cameroun. En effet, selon les données de l’Unesco, le secteur culturel et créatif constitue l’un des moteurs de développement les plus puissants au monde. Il représente plus de 48 millions d’emplois à l’échelle globale - dont près de la moitié sont occupés par des femmes, soit 6,2 % de tous les emplois existants et 3,1 % du PIB mondial. C’est également le secteur qui emploie et offre des opportunités au plus grand nombre de jeunes de moins de 30 ans. Ce qui cadre parfaitement avec le 18e Objectif du président de la République pour le Cameroun, destiné au « soutien a? l’économie numérique qui offre d’inestimables possibilités et où notre pays devra se construire une position leader en Afrique ». Et la culture est concernée au premier chef.

 

L'Afrique constitue, vous venez de le relever, l'une des priorités du plan de mise en œuvre du Cadre adopté à Abu Dhabi. Comment comptez-vous procéder pour que le Cameroun puisse en tirer le maximum de bénéfices ?
Il était tout à fait normal que l’Afrique soit priorisée dans le cadre d’une refondation de l’action culturelle mondiale. D’abord parce qu’elle renferme le vivier le plus important, mais aussi parce que sa puissance démographique essentiellement jeune, peut permettre de trouver des solutions durables à l’emploi, à la création des richesses, et à l’intégration régionale. Il ne faut pas perdre de vue que l’Afrique est aussi fortement secouée par de nombreux conflits, souvent irrédentistes, qui sont la conséquence d’une absence de dialogue interculturel. C’est pourquoi, j’ai trouvé les conclusions de cette conférence particulièrement bénéfiques pour l’écosystème de notre culture qui est, comme chacun le sait, riche et diversifié.  

 

Une grande place est aussi accordée aux jeunes. De nombreuses et belles opportunités sont annoncées pour eux. Comment notre jeunesse peut-elle s'organiser pour en profiter ?
Nos jeunes créateurs doivent s’intégrer dans le cadre global de ce qui est mis en œuvre par le gouvernement. Tout d’abord, il faut souligner que dans le cadre de la prise en compte de l’apport de la culture à la croissance et à l’emploi, le gouvernement l’a intégré dans le secteur des « industries et services », dans la SND30. Il s’agit donc de « développer des industries culturelles créatives notamment a? travers la mise en place des plans de développement intégré des filières du patrimoine, du livre et de la presse, du cinéma, des média audio-visuels et interactifs, du design et des services créatifs des arts, des arts visuels et de l’artisanat, des arts culinaires, des arts du spectacle et les festivités ».  C’est en adéquation à tout cela que le président de la République a bien voulu promulguer la loi n° 2020/011 du 20 juillet 2020 régissant les associations artistiques et culturelles au Cameroun qui encadre désormais l’organisation des filières artistiques et culturelles en fédérations. Il est donc indispensable pour eux de travailler à la mise en place des différentes composantes de ces fédérations et de mettre en place des structures qui pourront bénéficier des accompagnements multiformes qui s’annoncent.

 

Pen...

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