Affaire Martinez Zogo : 17 personnes inculpées
- Par Carine Tsiele
- 04 mars 2024 12:49
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L’ordonnance de renvoi signée par le juge d’instruction fait savoir que 17 personnes inculpées ont été toutes renvoyées devant le Tribunal militaire de Yaoundé pour divers chefs d'accusation.
Évolution dans l’affaire Martinez Zogo. Le 29 février dernier, le colonel magistrat Pierrot Narcisse Nzie, juge d’instruction au Tribunal militaire de Yaoundé a signé l’ordonnance de renvoi. Il s’agit d’un document de 20 pages détaillant l’identité des 17 personnes inculpées dans l’affaire Martinez Zogo. Parmi ces personnes, des hauts cadres de la direction générale de la Recherche extérieure, un opérateur économique, un maire, un journaliste et des militaires de l’armée de terre. Ledit document détaille l’information judiciaire au cas par cas.
Relativement aux principaux accusés : sur le cas Léopold Maxime Eko Eko, ancien directeur général de Dgre, l’information judiciaire renseigne sur le fait que le concerné lors de l’enquête préliminaire a nié les faits de complicité de torture de l’animateur Martinez Zogo. Il a réitéré devant le juge d’instruction qu’il n’a jamais donné les ordres à son collaborateur, le colonel-lieutenant Justin Danwe, de mener une quelconque opération contre Martinez Zogo qui ne constituait aucune menace pour lui. Entendu à son tour, le lieutenant-colonel Justin Danwe, directeur des opérations à la Dgre, chef de l’opération qui a conduit à la torture et à l’assassinat de Martinez Zogo, a déclaré qu’il a mené cette action sous ordre de son chef hiérarchique et que le véhicule et le personnel utilisé lors de cette mission appartiennent à la Dgre. L’ancien Dgre est donc inculpé pour complicité de torture parce que tout au moins n’ayant pas pu ignorer l’opération contre Martinez Zogo au regard de son poste au moment des faits. Il n’a cependant pris aucune mesure pour l’empêcher.
Pour le cas Jean Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires, le document fait savoir qu’il a nié les faits de complicité de torture qui lui sont reprochés dans cette affaire. Le lieutenant-colonel Justin Danwe a expliqué lors de sa confrontation avec l’homme d’affaires lors d’une réunion tenue le 10 février 2023 devant les officiers de police judiciaire, qu’il a rencontré Amougou Belinga le 29 décembre 2022. Car celui-ci lui avait « confié la mission de faire taire Martinez Zogo qui l’insultait ». Séance tenante, il lui avait remis la somme de deux millions de F et le lieutenant-colonel Justin Danwe a maintenu ses déclarations devant le juge d’instruction, mais cette fois-là a dit qu’il a reçu l’ordre « d’intimider » et non plus de « faire taire ». « Que réagissant à cette commande sui generis, le lieutenant-colonel avait effectivement déployé des hommes sur le terrain avec du matériel approprié qui ont infligé un traitement mortel à la cible Martinez Zogo », peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi. D’après ledit document, l’examen des images de vidéo surveillance du bureau de l’opérateur économique permet de confirmer que le lieutenant-colonel Justin Danwe y était passé le 16 janvier 2023. Et le 18 janvier 2023, les enquêtes ont conclu que c’était respectivement pour le rassurer de l’imminence de l’opération et lui rendre compte de son déroulement.
Pour le cas Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro, l’ordonnance de renvoi détaille qu’il a déclaré ne pas être associé à l’assassinat de Martinez Zogo, bien que les rapports entre le défunt et les journalistes du Groupe l’Anecdote où il était directeur, étaient tendus. Les faits reprochés à Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro, constituent non pas un acte de complicité, mais révèlent plutôt sa participation à une entente dont le projet était l’infliction des sévices corporels à Martinez Zogo, caractérisant ainsi la conspiration. Comme le renseigne le document, il est question de requalifier le chef d’inculpation mis à la charge de Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro et de suivre contre lui cette nouvelle qualification.
Le maire de Bibey dans la Haute - Sanaga, Martin Stéphane Savom et plusieurs autres sont inculpés pour complicité de torture et assassinat de Martinez Zogo. Plusieurs autres militaires de l’armée de terre sont aussi inculpés pour assassinat, torture et complicité de torture et d’assassinat. Par ces motifs, le juge d’instruction fait savoir que l’information judiciaire est close et que les inculpés sont renvoyés devant le Tribunal militaire de Yaoundé statuant en matière d’affaire criminelle pour y être jugés conformément à la loi.
Les inculpés et leurs chefs d’accusations
N°
Noms
Identité
Chefs d’accusations
1
Maxime Léopold Eko Eko
Fonctionnaire de police (directeur général de la Recherche extérieure au moment des faits)
Complicité de torture
2
Jean Pierre Amougou Belinga
Journaliste , patron du Groupe l’Anecdote
Complicité de torture
3
Justin Danwe
Officier supérieur de gendarmerie ( chef des opérations à la direction générale de la Recherche extérieure
Complicité d’assassinat, complicité d’arrestation et de séquestration, complicité de torture et violation de consigne.
4
Martin Savom
Maire de la commune de Bibey dans la Haute Sanaga
Complicité d’assassinat et complicité de torture.
5
Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro
Journaliste, directeur général de Vision 4
Conspiration de torture et d’arrestation et séquestration.
6
Ebo’o Clément
Sous-officier supérieur de l’armée de terre
Violation de consigne, coaction d’arrestation et séquestration, coaction de torture
7
Vincent Godjie Oumarou
Maréchal de logis en service à la Direction générale de la Recherche extérieure
Violation de consigne, coaction d’arrestation et séquestration, coaction de torture
8
Sylvain Bakaiwa
Militaire
Violation de consigne, coaction d’arrestation et séquestration, coaction de torture
9
Lenoir Dawa
Militaire
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