Fait divers : lamentations après un envoûtement manqué

Des sanglots de femme persistants venant d’une chambre ont fini par inquiéter le réceptionniste de cet hôtel de Deido. Les faits se déroulent mercredi, et le préposé, qui sait la cliente seule, se résout à alerter la police. Cela dit, à un moment, cette cliente l’appelé, annoncé que sa mère et sa tante arrivaient, et demandé qu’il les laisse passer. Des éléments du commissariat du 9e arrondissement vont débarquer peu après, pour apprendre une histoire peu banale.
La femme en pleurs, Géneviève Patience D., 32 ans, couturière, a rencontré, il y a trois mois, Sylvain Emmanuel S., 42 ans, homme d’affaires. Le concerné a, pour ainsi dire, changé sa vie. Il l’a sortie du logement modeste qu’elle occupait au lieudit « Jourdain » à la Cité Sic pour un appartement chic et équipé à Ndogbong (dix mois de loyer versés) ; il a payé la pension de ses jumeaux (10 ans) qui ont pu reprendre l’école, où ils ne vont plus à pied, Sylvain Emmanuel ayant aussi payé les frais de car scolaire pour quatre mois. Et désormais, Géneviève se rend à son atelier au Marché Congo avec un chauffeur. Etc.
Il y a peu, elle reçoit sa cousine Danièle chez elle. La cousine semble éblouie. Heureuse, Géneviève dit que Dieu l’a aimée en lui donnant quelqu’un qui prend soin d’elle. Danièle, femme mariée, lui dit que c’est bien mais qu’il ne faut pas « dormir ». Il faut s’assurer que ce genre d’homme reste. Elle propose à la couturière de lui présenter un féticheur, installé quelque part dans Douala 1er.
Selon sa confession, Géneviève l’a rencontré la semaine dernière. Et mardi, elle a reçu de lui une corde, à se passer à la taille, puis l’instruction d’apprêter un repas et une bouteille d’eau pour son prochain rendez-vous avec Sylvain. Mode d’emploi : une fois Sylvain arrivé, Géneviève devra l’embrasser puis, peu après, aller aux toilettes, couper la corde et la jeter dans le pot. Puis ils devront partager le repas, boire dans un même verre avant de passer au lit. Le rituel sera parachevé par le bain d’après, à prendre également ensemble.
Précisions : le verre devra être cassé et les autres ustensiles jetés. Le féticheur recommande que tout se passe dans un hôtel, ce qui ne pose pas de problème : Géneviève et Sylvain ont l’habitude de varier leurs lieux de retrouvailles. L’homme demande si elle est sûre d’effectuer le rituel ce mercredi, parce qu’une fois la corde attachée, elle ne doit pas la garder longtemps. Et si l’opération est loupée, il ne répond pas de la suite. Géneviève rassure : le mercredi est généralement jour de « match » pour le couple. D’ailleurs, Sylvain est « chaud » pour le rendez-vous : il quitte Bonanjo à 14h, avec deux heures d’avance sur le programme fixé. Il n’arrivera jamais à temps.
Alors qu’il descend la vallée Bessengue, le moteur de sa voiture s’arrête. Malgré tous ses efforts, l’engin ne redémarre pas. Le véhicule est neuf, encore sous garantie. Sylvain appell...