« Plusieurs facteurs expliquent la frilosité »

Georges Meka Abessolo, directeur exécutif, Matha Capital, directeur, Cabinet Risks Mitigation LLC.

Des pays et institutions éprouvent depuis un moment, des difficultés à lever des financements sur le marché financier de la Cemac. Qu’est-ce qui peut expliquer le faible engouement des investisseurs ? 
Les deux récentes émissions d’emprunts obligataires de mars 2024 par le Gabon et la Bdeac, respectivement de 150 milliards de F (EOG 2024 3 ans 6 % - 5 ans 6.5% - 7 ans 7.5%) et de 50 milliards de F (Bdeac 2024-2031 6,20% - 5,95% - 4,70%) ont dû être prolongés pour non-mobilisation des montants sollicités dans les délais prescrits. Plusieurs raisons sont liées au risque inflationniste de 5.5% en zone Cemac en 2024 dont 7% au Cameroun qui, mécaniquement, réduirait le rendement des obligations à terme, à la faible surface financière des arrangeurs nouvellement agrées par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) ne pouvant pas garantir des prises fermes et significatives sur fonds propres et la non profondeur du marché financier de la zone Cemac qui gagnerait à être reformé en y introduisant des moyens techniques et innovants de vulgarisation permettant la souscription généralisée de l’épargne des individus aux emprunts obligataires à travers le Mobile Money par téléphone. 

Cette situation survient au moment où les banques sous-régionales sont dites surliquides. Qu’est-ce qui explique cette frilosité des établissements de crédit et même d’autres investisseurs à participer à ces différentes émissions ?
Actuellement, en zone Cemac, on relève des émissions infructueuses ou en deçà des montants sollicités ou du seuil de souscription, obligeant à la prolongation des délais des émissions. Plusieurs facteurs expliquent cette frilosité des établissements de crédit à savoir : la baisse des rendements futurs des obligations souscrites antérieurement face à la pression inflationniste, la hausse du coût de crédit qui rend le taux de rendement moins attractif en 2024 pour les investisseurs et la méfiance face au déficit budgétaire des Etats et les notations de crédit jugées spéculatives pour certains Etats.   

Quels sont les leviers à activer pour permettre une disponibilité plus importante des ressources sur le marché financier ? 
Des réformes ambitieuses s’imposent pour redynamiser le marché financier de la Cemac qui vont non seulement permettre le financement des entreprises avec les surliquidités bancaires, mais aussi capter l’épargne des ménages pour les besoins de financement des économies de la sous-région. Le premier levier de cette réforme proposée doit être l’introduction de la règlementation sur les sociétés de capital-risque ou private equity qui financeraient mieux les PME en échange de parts sociales, et seraient moins coûteux que la dette bancaire. Le deuxième levier de la réforme est la mise en place de partenariat obligatoire et gagnant-gagnant entre les banques, Spécialistes en valeur du trésor (SVT) et les sociét&eacu...

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