Conditions de vie des populations : on peut vaincre la pauvreté

On est très vite passé sur les résultats de la 5e enquête camerounaise auprès des ménages.

 

En langage consacré, on la désigne sous l’appellation ECAM5. L’Institut national de la Statistique (INS), a, comme qui dirait, lâché les chiffres. 10 millions de Camerounais, sur environ 27 millions, vivent en dessous du seuil national de pauvreté. Il est estimé à 813 F CFA par personne et par jour. La borne d’appréciation se situe en 2022 et l’INS parle d’une nouvelle approche dans son estimation. Ce sera la situation de référence pour les prochaines enquêtes sur les ménages (ECAM). On retient des  chiffres publiés en avril dernier que, près de deux personnes sur cinq, soit 37,7% ont un quotidien difficile. L’enquête a, comme il fallait s’y attendre, suscité des réactions. Toutefois la méthode de travail utilisée résiste au doute. On sait d’ordinaire que la pauvreté a le visage de l’indigence, du manque du minimum vital…En fait, on est loin de l’aisance matérielle. Les gouvernants par contre présentent le concept de lutte contre la pauvreté et les exclusions comme un impératif national fondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l’ensemble des politiques publiques de la nation. Le travail de l’Institut national de la Statistique devient intéressant parce qu’il peut être un indicateur de la performance économique du pays en même temps qu’il met en lumière le gap entre citoyens aisés et les indigents (10 millions). Hors mis les jugements de valeur, cette dernière enquête, réalisée en 2021 et 2022, met en relief, à travers ses résultats, le caractère multidimensionnel de la pauvreté. On retiendra aussi qu’elle relève les points de vulnérabilité des ménages camerounais aux chocs socio-économiques, sécuritaires et climatiques auxquels ces ménages sont de plus en plus exposés.
Dans un souci d’amélioration des conditions de vie des populations, ces dernières années, le gouvernement s’est doté d’un dispositif de suivi-évaluation et de mesure des progrès vers l’atteinte des cibles fixées dans les documents de politiques et de stratégies mises en œuvre. Chacun a bonne connaissance du DRSP, du DSCE et actuellement de la SND30. Mais pourquoi la prospérité ne se généralise pas ? En guise de réponse, l’enquête menée par l’Institut national de la Statistique fait état de ce que la majeure partie des résultats indiquent une économie résiliente. Cette économie fait face à une pauvreté persistante et à une vulnérabilité accrue des ménages. Ces derniers résistent très peu aux chocs. En réalité, avec un taux de croissance économique annuel estimé à 2,6% sur la période 2020/2023, le taux de pauvreté s’établit à 38,6%. De l’avis des experts, lorsqu’on compare ce taux à l’objectif de 30,8% fixé par la SND30 à l’horizon 2030, on constate qu’il y a près de 8 points d’écart à résorber. Que faire donc pour jouir du bien-être collectif ?
On découvre, pour le déplorer sur la base de cette enquête, que la pauvreté voue une prédilection au milieu rural. Ici, l’incidence est de 56,3%. Le milieu urbain a une incidence plus faible. Elle est estimée à 21,6% Toujours sur le plan spatial, les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est sont les plus pauvres, avec des niveaux de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale. La consommation étale aussi des inégalités qui trahissent les niches de pauvreté. En effet les inégalités de consommation demeurent importantes entre les strates de la population. Tenez : selon l’enquête de l’INS 20% des ménages les plus riches ont une consommation 10 fois supérieure à celle des 20% des ménages les plus pauvres.
Tout le tableau n’est cependant pas sombre. On y découvre par ailleurs que le gouvernement prend un certain nombre de mesures pour lutter contre la pauvreté. Pour vous en convaincre, on observe une évolution notable dans l’accès aux installations sanitaires améliorées et non partagées. On signale un taux d’accès de la population de 47,7% en 2022 contre 40,4% en 2014. De même, en ce qui concerne l’accès à une eau potable, des progrès sont enregistrés. A titre d’illustration, quatre Camerounais sur cinq ont désormais accès à une source améliorée d’eau de boisson. Que ce soit pendant la saison sèche, (81,9%) ou pendant la saison des pluies (80,6%), comparativement à 76,7% en 2014. Des investissements doivent donc se poursuivre afin de garantir un approvisionnement en eau propre à la consommation pour l’ensemble des Camerounais. Malgré des disparités observées, il est de bon aloi de signaler des avancées significatives dans le domaine de l’inclusion financière. 45,7% de personnes âgé...

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