Le discours réconciliateur

Par Patrice ETOUNDI MBALLA

1984…Qu’est-ce que le temps passe vite ! Au mois de juillet, Cameroon Tribune fêtera ses dix ans d’existence. Le Directeur général de la SOPECAM, M. Zambou Zoleko, a décidé de donner à l’évènement beaucoup de solennité. Bien entendu, des fêtes de cette nature, ça ne s’improvise pas ; ça se prépare sérieusement.
A cet effet, le DG a convoqué à son bureau une importante réunion à laquelle seuls ses « proches collaborateurs prennent part. Sur la longue table autour de laquelle les participants vont siéger, de petit-fours attendent, dans des paniers de jonc. On parle même de jetons de présence à la fin de la réunion. La séance peut débuter. Un seul sujet à l’ordre du jour : le discours que le DG va prononcer à l’ouverture des cérémonies. Sans plus attendre, on distribue aux « proches collaborateurs » l’ossature générale du discours à écrire, en demandant à chacun d’eux d’insister sur le secteur concernant sa sphère d’activités. On se donne rendez-vous dix jours plus tard, pour la remise des copies.
Dix jours ont vite passé. Le DG a convoqué de nouveau ses « proches collaborateurs » et tend la main pour recevoir ses commandes faites. Grande déception : aucun « proche collaborateur » n’a rédigé deux lignes dignes d’être lues en public. Le DG entre dans une colère noire et traite sa « garde rapprochée » de tous les noms. « Vous êtes tous des fainéants », fulmine-t-il, en guise d’au revoir… Henri Bandolo, l’adjoint de Zambou Zoleto, qui est mon ami et mon protecteur, profite de cet incident pour me faire beaucoup de publicité auprès du DG. 
-    M. le Directeur général, confiez à M. Etoundi Mballa votre discours, vous ne serez pas déçu.
Un peu à contre cœur, le DG envoie son planton me chercher. En trois ans, cela n’était jamais arrivé. J’étais intérieurement convaincu qu’il allait m’annoncer qu’il me reversait à mon ministère d’origine… Heureusement mes craintes étaient vaines. Le DG m’a plutôt demandé de lui rédiger le discours qu’il allait prononcer à l’ouverture des cérémonies marquant le 10e anniversaire de CT. J’avais deux jours pour le faire.
Mais, dès le lendemain, à son arrivée au bureau, aux environs de 9h, le DG m’a trouvé adossé à sa porte. Etonné et passablement soupçonneux, il m’a fait entrer. Quand je lui ai tendu mon discours dans une belle chemise, il a eu l’honnêteté et la gentillesse de me féliciter :
-    M. Etoundi, vous avez, avec votre chemise, déjà marqué un point de plus que tous les autres ; aucun d’eux ne m’a présenté son soi-disant discours dans une telle belle chemise, me dit-il, avant même d&rsquo...

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